Intervention de Dominique Potier

Réunion du 10 juillet 2013 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Je vous remercie pour la qualité du travail fourni et pour votre capacité à prendre de la hauteur par rapport au sujet et à présenter des propositions prospectives. En définitive, la question que vous posez au travers de ce rapport, qui rejoint celle au sujet de la forêt, est de savoir si nous devons nous résigner à être un pays exportateur de matières premières et importateur de produits finis ou si nous avons l'ambition, dans le cadre plus global du redressement productif, de continuer à produire de la valeur ajoutée, de l'emploi et des externalités environnementales favorables par une défense de l'élevage.

Nous sommes en effet un pays exportateurs qui déménage sa production sur l'arc atlantique, selon une logique de ports, génératrice de diagonales arides pour des régions qui perdront de l'emploi, de la biodiversité et de la valeur ajoutée. Ce n'est pas le scénario que vous préconisez puisque vous évoquez des pistes de redressement réalistes. Votre diagnostic tient en quelques chiffres clés, 50% des exploitations ont encore en leur sein des bovins, 50% des éleveurs ont plus de cinquante ans et on constate 5% de déprise annuelle. L'alerte est donc là et c'est ce qui ressort de ce rapport.

Je vous félicite d'avoir pris en compte les données sociaux-culturelles qui sont essentielles. Comme l'avait indiqué notre collègue Hervé Gaymard dans le cadre de la mission d'information sur la PAC, la question de l'élevage, et tout particulièrement celle de l'élevage de montagne, n'est pas qu'une question de revenu mais également une question de qualité de vie et de passion du métier. Vous avez eu raison de souligner l'importance de beaux outils de travail, d'une fierté du métier, d'une filière d'enseignement de grande qualité et de des services de remplacement qui apportent un minimum de vie sociale moderne aux jeunes qui entreprennent dans ce secteur de l'élevage que je connais très bien pour y avoir évolué vingt ans durant. Je suis favorable aux services de remplacement, à des plans de bâtiment dans les contrats de plan, à des budgets européens fléchés en la matière. J'aimerais toutefois attirer votre attention sur un point très précis, les groupements d'employeurs ont pour l'instant, pour des questions juridiques, été exclus du bénéfice du CICE. Il est fondamental de soutenir le maillage autour des éleveurs, notamment dans les régions où l'activité est très difficile.

Bien entendu le niveau des revenus compte également beaucoup pour l'attrait de ce métier. Sur ces questions macro-économiques vous avez pointé les avancées régulières conduites par ce gouvernement dont nous sommes fiers. Je pense notamment aux avancées portées par la rapporteure Annick Le Loch en matière de négociation avec la grande distribution dans le projet de loi sur la consommation et au combat mené par le ministre de l'agriculture dans le cadre de la PAC pour maintenir son budget et le réajuster. Je tiens à lui faire part du soutien de notre groupe dans le rééquilibrage à l'égard de l'élevage entre le premier et le deuxième pilier

Je souhaite insister sur plusieurs régulations à venir. La PAC 2020 devra aller plus loin dans le rééquilibrage vers l'élevage, les 9 centimes de différentiel sur l'abattage avec l'Allemagne qui mène une politique sociale délétère appellent une régulation sociale très forte sur les outils agro-alimentaires à l'échelle de l'Europe, pour les céréales la création d'un deuxième marché à destination de la consommation animale serait une avancée décisive à l'horizon de 2020. Je tiens à souligner les avancées en matière de lutte contre la spéculation des denrées alimentaires, qui amplifient les phénomènes de hausse des cours des denrées alimentaires, dans le cadre de la loi de régulation bancaire. Enfin, rien ne sera possible sans une politique d'installation qui freine les politiques d'agrandissement et qui empêchent les initiatives en matière de poly-culture-élevage en dressant des stratégies qui se traduisent par des situations d'appauvrissement.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion