Intervention de Antoine Herth

Réunion du 10 juillet 2013 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAntoine Herth :

Je tiens à mon tour à saluer la qualité de ce rapport qui pointe notamment la stabilité du revenu des éleveurs et la différence de coût de main d'oeuvre avec nos voisins européens. Vous préconisez l'étiquetage des viandes bovines françaises, vous avez bien identifié le potentiel du marché à l'export vers la Chine et je vous rejoins dans l'idée qu'il convient de modifier la culture politique de l'Union européenne pour revenir sur la primauté des règles de la concurrence qui écrasent toutes les autres considérations.

Le rapport souligne, à raison, les problèmes qui peuvent survenir en lien avec la suppression des quotas en termes de déménagements des élevages sur le territoire national. Je vous rejoins également sur l'analyse du Farm bill américain et sur la question des aides contra-cycliques qui sont demandées depuis des années par les céréaliers français. Vos propositions sur les effluents d'élevage vont dans le bon sens, il convient de réfléchir à la simplification des procédures en ce domaine. Enfin bravo pour vos propositions sur l'ESB qui sont très courageuses dans ce domaine politiquement et médiatiquement sensible.

Il existe en revanche un certain nombre de points sur lesquels je pense qu'il est encore nécessaire de travailler. Je regrette notamment les chiffres que vous avancez sur le temps de travail qui me semblent proche de la caricature, 3600 heures par an pour l'élevage contre 800 pour les céréaliers : cela voudrait dire qu'un éleveur travaille onze heures par jour et un céréalier seulement deux ! Il y a désormais des réponses en matière d'élevage, les GAEC, les groupements d'employeurs, les CUMA et les robots de traite qui permettent d'avancer en matière de charge de travail. Il ne faut pas se tromper, lorsqu'un céréalier fait le tour de plaine pour observer ses cultures et essayer de réduire le nombre de traitements phytosanitaires, il travaille aussi ! Je pense qu'il faut s'en tenir aux données observables sans tomber dans la caricature.

Sur la question du revenu agricole vous avez abordé des pistes intéressantes. Je crois qu'il faut retenir que ce revenu est la différence entre les charges et les produits. Vos propositions sur les charges variables, sur l'autonomie alimentaire, sont particulièrement importantes. Je vous appelle en revanche à la prudence s'agissant des charges fixes et la modernisation des installations agricoles. En effet l'éleveur va souvent au-delà de la seule modernisation et anticipe une augmentation de son cheptel, ce qui peut le placer dans une situation délicate en cas de modification de la conjoncture. En ce qui concerne le chiffre d'affaire, je vous rejoins sur la nécessité de trouver des stabilisateurs sur le prix payé au producteur. La subvention ne résoudra pas tout. Il y a enfin un besoin de capitalisation dans le cheptel, c'est un investissement que l'éleveur retrouve au terme de sa carrière mais qui pèse sur les jeunes voulant s'installer. Enfin, je souligne l'absence de développements sur la prise en compte du risque, risque climatique bien sûr mais aussi risque sanitaire, qui fragilise bon nombre d'élevages. Je rejoins notre collègue Potier sur le fait que l'indicateur de bonne santé du secteur c'est celui de la capacité à l'installation des jeunes.

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