Intervention de Alain Marc

Réunion du 10 juillet 2013 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Marc, rapporteur :

J'ai bien noté que les aspects réglementaires et les contraintes qui pèsent sur les agriculteurs ont été évoqués plusieurs fois. Nous allons demander à l'exécutif qu'au niveau de l'administration départementale, notamment, les éleveurs n'aient pas l'impression de subir, à chaque fois que des gens se déplacent chez eux, un interrogatoire parfois très traumatisant. Il faudra bien que soit débrayée l'information à partir du ministère jusqu'au niveau local afin que l'on n'ait plus ce type de comportements de la part de certains contrôleurs, qui y vont parfois un petit peu trop fort.

Nous évoquons les installations classées. Il est complètement anormal que nous soyons soumis en France à ce type d'autorisations à installations classées pour des élevages à 50 vaches laitières, alors que, dans d'autres pays, c'est 100, ou plus. Il faut donc vraiment une harmonisation européenne. Nous allons bien évidemment le dire très très fortement.

Le maintien des abattoirs nécessitera une mission beaucoup plus précise, car nous avons reçu les représentants des abattoirs et cette question centrale est très difficile à traiter - suivant les espèces, très peu d'entre eux arrivent à l'équilibre économique.

La formation, qui n'a pas tellement été l'objet de nos auditions, est quand même très bien faite en France. Il y a eu certains soucis dans certains lycées et Michel Barnier nous a aidés, notamment à maintenir l'élevage ovin bio dans certaines zones. Les filières agricoles doivent sans arrêt être adaptées.

En ce qui concerne les écarts de prix, Laure de la Raudière nous a dit qu'en 2009 le prix des céréales était bas. C'était aussi le moment de la crise laitière, où le prix du lait était encore plus bas qu'il ne l'est aujourd'hui, ce qui nous a valu toutes ces manifestations au niveau national. Ce qui compte, c'est bien sûr le prix auquel sont rémunérés nos agriculteurs, mais aussi le prix des intrants, le prix des céréales. C'est l'écart entre les deux qui permet le revenu. Lorsqu'il y a un effet de ciseaux, malheureusement, comme aujourd'hui avec l'augmentation sans précédent de ces coûts-là, on assiste à une baisse sensible du revenu des agriculteurs.

Antoine Herth a évoqué ce que pourrait être la caricature du nombre d'heures travaillées si l'on comparait les éleveurs aux céréaliers. Les éleveurs sont à leur ferme 365 jours sur 365 et il est évident qu'à côté de ces problèmes conjoncturels de prix des intrants, il est bon de reconnaître la possibilité pour les éleveurs de partir en vacances grâce à la défiscalisation, ce qui n'était pas quelque chose d'assurée à un moment donné. Pour certains d'entre eux, c'était la première fois de leur vie, à quarante-cinq ans, qu'ils partaient en vacances. Cela ne leur était jamais arrivé auparavant. C'est donc quelque chose de très intéressant, qu'il faut continuer.

Je ne voudrais pas que les circuits courts relèvent en quelque sorte de "la tarte à la crème". C'est une niche très intéressante ; au niveau économique, le montant global de ce que pourraient représenter l'intégralité des circuits courts ne ferait toutefois que quelques pourcents de la production. Je suis d'accord qu'il faut les favoriser. Mais il ne faut sans doute pas en faire l'alpha et l'oméga de ce que doit être l'agriculture française dans l'avenir.

En ce qui concerne les exploitations et le groupement « export France » pour la viande, il y a effectivement des possibilités extrêmement intéressantes au niveau international. Il faudra de plus en plus de lait de vache et la demande mondiale de viande est présente. En revanche, le vrai problème est d'assurer nos exportations. Sur la poudre de lait, par exemple, nous avions connu du retard, que nous sommes progressivement en train de rattraper. Nous ne sommes pas très outillés à l'export pour conquérir certains marchés. Nos ambassades et nos services économiques à l'extérieur ne sont peut-être pas suffisamment structurés pour permettre à nos grandes coopératives d'exporter sur les marchés émergents, malgré leur regroupement. A l'intérieur de l'outil qui pourrait être un GIE constitué, nous pourrions avoir des outils bien meilleurs de façon à acquérir ces marchés – ce que d'autres font, notamment les Allemands et les pays de l'Europe du Nord.

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