C'est là une logique d'hyper-concentration, de recentralisation des pouvoirs, une logique descendante qui porte en elle la négation des projets locaux, le mépris des besoins s'exprimant au plus près des réalités et de la parole des citoyens. C'est la porte fermée aux coopérations fructueuses entre collectivités. Une telle concentration des pouvoirs s'oppose à l'intérêt métropolitain lui-même, dans sa conception solidaire, et à l'exigence de se définir dans un mouvement démocratique, dans la capacité à fabriquer de l'acteur, à faire que les gens soient actifs et existent en tant que citoyens.
On prétend que c'est la crise qui commande de prendre ces décisions. Mais la crise ne pourra trouver d'issue par l'étouffement des revendications, par l'éloignement des citoyens, ni par des solutions autoritaires. On ne s'en sortira pas en écoutant ceux qui prônent comme seule solution l'austérité à tous les étages, et ceux, souvent les mêmes, qui voient dans la concentration des pouvoirs un gage d'efficacité. Avec le miroir aux alouettes de cette nouvelle organisation territoriale, s'agit-il bien de lutter contre la crise ?
Je cite l'exposé des motifs du projet de loi : « Notre pays a plus que jamais besoin d'une action publique efficace pour améliorer la compétitivité de ses entreprises. » Compétitivité : mot magique du bêtisier contemporain, qui figure ouvertement dans le texte, repris maintes fois, mot qui constitue la logique profonde de ce projet, sa seule logique, une logique de fer qui prétend guider toutes les transformations institutionnelles. La quintessence de la pensée unique. Sur ce point encore, comment ne pas voir que ce projet est le symptôme du mal qui ronge l'ensemble de ce quinquennat ?
Le terme de décentralisation, qui était en bonne place il y a encore quelques semaines – puisqu'on parlait d'acte III de la décentralisation –, a été abandonné en rase campagne.