Quand on voit les effets néfastes du travail de nuit sur la santé des salariés, comment ne pas être inquiet face à l'ouverture de crèches pour les enfants des travailleurs de nuit, enfants de zéro et trois ans qui sont en train de caler leur propre horloge biologique et qui seront réveillés à trois heures du matin, recouchés à quatre heures, récupérés à huit heures ! Cela me semble extrêmement grave ! Sans compter que ces structures doivent employer des femmes qui travaillent la nuit ! Aussi la question est-elle de savoir quelle société on veut construire demain.
Un levier d'action possible pour faire en sorte que la question de la santé au travail des hommes et des femmes soit réellement prise en compte, c'est le coût pour l'entreprise du non-respect de la santé au travail. En réalité, l'absentéisme n'est rien d'autre que la face émergée de l'iceberg, et c'est là que nous avons encore une prise. En nous souciant du bien-être des salariés – bien-être qui contribue à la prospérité de l'entreprise –, nous sommes, nous ergonomes, considérés comme des gens pouvant réduire les coûts de l'entreprise ! C'est sur ce discours que nous sommes aujourd'hui obligés de fonder notre argumentaire. Ainsi, avant de faire de l'ergonomie de correction, nous nous attachons à faire de l'ergonomie de conviction.