Monsieur Poupard, vous avez eu raison de souligner qu'il était important de bien maîtriser le numérique, mais encore faut-il qu'existe une bonne gouvernance internationale de ce secteur. La jugez-vous satisfaisante aujourd'hui ? À mon sens, un pays, certes allié et ami, la domine.
Les systèmes sont de plus en plus interconnectés et deviennent donc davantage vulnérables ; dans quels domaines de ces systèmes devons-nous assurer notre souveraineté ? Les logiciels ne feraient-ils pas partie de ce champ stratégique, comme pourrait l'attester, dans le cas des drones, notre volonté de séparer la fourniture des équipements de celle de l'appareil ? Nous pouvons cependant douter de la possibilité d'effectuer une disjonction totale, surtout que nous n'aurons jamais accès aux codes sources de logiciels possédés par plusieurs structures. Or il est tout à fait possible de connaître le réseau et le flux d'informations dès que l'on est connecté à un système informatique.
Vous avez affirmé qu'il était positif que l'ANSSI et les militaires disposent d'un lieu pour se retrouver. Dans mon travail de rédaction du rapport pour avis sur l'environnement et la prospective de la politique de défense, j'éprouve des difficultés à percevoir les liens entre l'académie et le système militaire ; les relations avec l'université et l'institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA) restent insuffisantes. Il est nécessaire de développer la recherche pour pouvoir bien connaître les menaces contre lesquelles nous devons lutter. Pensez-vous que la liaison avec la recherche civile soit assez développée et comment pourrions-nous la renforcer ?