Mais ma vraie déception tient au fait que, face à cet objet institutionnel inquiétant, vous n'avez pas pris l'option de permettre aux communes et aux maires d'arrondissement qui le souhaitaient de se réapproprier certaines missions de proximité.
Ainsi, l'incongruité du système que vous nous proposez réside dans le fait que s'agissant des problématiques d'entretien quotidien de la voirie ou de propreté – ce sont de simples exemples, mais ô combien prégnants, à Marseille notamment –, nous aurons un lien toujours aussi distendu, sinon plus, entre l'autorité politique, démocratiquement élue, et l'autorité fonctionnelle administrative. C'est déjà un écueil sérieux aujourd'hui, il le serait encore plus demain.
Si les maires de plein exercice ou d'arrondissement ne maîtrisent même pas ce type de compétences, vous renforcerez, à votre corps défendant, la frustration chez les élus et l'incompréhension chez les administrés. C'est une occasion ratée.
Cette frustration, cette incompréhension risquent d'être d'autant plus tenaces que le président de la métropole ne sera pas élu au suffrage universel direct et qu'avec ce système, la co-gouvernance ou la gouvernance partagée sera érigée en mode de gestion. Bref, nous aurons un président de métropole, proche d'un président du Conseil de la IIIe ou de la IVe République, englué dans des accords à court terme, plutôt qu'un président prêt à mener une politique clairement identifiée et voulue par les citoyens.
Alors, madame la ministre, autant vous dire qu'à l'instant où je vous parle, c'est une grande perplexité qui m'anime. Cette métropole est une nécessité, comme je l'ai dit en préambule. C'est un objet monde dont ma ville et ma région, la terre où je suis né et où j'ai grandi a besoin. Mais, vous l'avez compris, ce que vous nous proposez me déçoit. Ma déception est d'autant plus grande que pour une réforme de cette nature, on aurait pu espérer un vrai débat parlementaire constructif.