Un certain nombre de textes a déjà été pris, mais j'ai indiqué que nous devions aller plus loin, parce que nous nous trouvons dans un domaine dans lequel les progrès et les évolutions sont constants. La crise appelle certes la réaction, mais nous ne devons pas attendre les crises pour mettre en oeuvre de nouveaux mécanismes. J'ai ainsi commandé des études qui nous permettront d'avancer concrètement sur la pharmaco-surveillance et la prescription collective.
S'agissant de la transparence, au moment de « l'affaire de la pilule », les autorités n'avaient pas pour habitude de diffuser des informations sur le nombre de prescriptions : il n'existait pas de réelle culture de la transparence. J'ai donc demandé à l'Agence nationale de sécurité du médicament de réaliser désormais un point presse mensuel donnant l'évolution des données. Le premier point presse a suscité d'importantes réactions et interrogations, mais il est désormais considéré comme un processus normal de partage de données, qui doivent être soumises au public et pouvoir être analysées.
Un chemin important a donc été parcouru, mais il reste des évolutions à engager, dont certaines doivent passer par le vote de lois et d'autres par la mise en place de dispositifs de politiques publiques ministérielles.
Sur les vaccins sans sels d'aluminium, une première grève de la faim a eu lieu il y a quelques mois, dont les protagonistes ont été reçus et ont exigé la mise en place d'un groupe de travail. Ils affirment aujourd'hui que ce groupe n'a pas été réuni, ce qui justifie à leurs yeux la reprise de leur grève. Or, ils ont été reçus à de multiples reprises par les services du ministère et par mon cabinet, et le groupe de travail a été constitué. D'ailleurs, les acteurs qui souhaitent évaluer la possibilité de remettre sur le marché des vaccins sans sels d'aluminium, ont demandé la réalisation d'études. Un comité de pilotage a donc été mis en place pour financer un projet de recherche spécifique, qui sera mené par le professeur Roman Ghirardi.
Les vaccins sans sels d'aluminium n'existent nulle part en Europe. Pourquoi ont-ils été retirés du marché ? Parce que des effets secondaires très graves ont été constatés dans un nombre limité de cas, ce qui a conduit à s'interroger sur leur maintien. Les autorités sanitaires européennes et françaises et l'Académie de médecine considèrent aujourd'hui qu'il n'y a pas d'éléments concluants sur l'existence d'un risque lié à l'adjuvant aluminique dans les vaccins. Je pense, cependant, qu'il faut poursuivre les recherches à ce sujet, et obtenir également des garanties sur le fait qu'un autre vaccin ne comporterait pas de risques, qui soient quantitativement ou qualitativement supérieurs. Les industriels devront, par ailleurs, solliciter une autorisation de mise sur le marché.
J'insiste sur la dimension européenne de cette réflexion aujourd'hui. Je ne veux pas laisser croire que la ministre de la santé a la capacité de décider seule de la mise sur le marché de ces vaccins : au contraire, ma responsabilité est de commander des études pour évaluer ces produits, puisque des doutes subsistent. Par principe, je suis favorable au choix des vaccins sans sels d'aluminium, mais les rapports dont nous disposons nous conduisent à nous interroger. Je n'oppose pas une fin de non-recevoir, contrairement à ce que vous prétendez : nous finançons de nouveaux projets de recherches.
Mme Massonneau m'a demandé pourquoi les essais cliniques étaient insuffisants chez les femmes. Il s'agit d'une vraie préoccupation mais, en même temps, cette situation de fait s'explique : s'il y a plus d'hommes dans les essais cliniques, c'est parce que l'on ne peut pas exclure, dans les essais, l'impact du médicament testé sur une grossesse. Or la plupart des essais cliniques se déploient sur plusieurs années et de nombreuses femmes se retirent en cours de protocole, lorsqu'elles attendent un enfant, ce qui coûte cher aux commanditaires. Il y a là un vrai enjeu : davantage de femmes doivent être représentées dans ces essais et nous devons réfléchir à la promotion du financement de projets incluant des femmes, car ceux-ci présentent des coûts supérieurs par rapport à ceux uniquement effectués sur des hommes.