Vous êtes, chers collègues, d'accord pour sauver les emplois à condition de ne pas agir et de laisser faire. À ce compte, rien ne viendra endiguer les licenciements qui ont parfois pour seul but d'accroître une rentabilité déjà établie.
Il est inexact de dire que nous stigmatisons les chefs d'entreprise. Les patrons de PME et de PMI sont souvent au premier rang de la lutte contre les fermetures de sites car ils savent qu'ils seront les premières victimes de la dégringolade économique d'un territoire soudainement amputé d'activités. Ils savent que leur propre entreprise est mise en danger par des restructurations guidées par le seul souci de la rentabilité.
Il est tout aussi inexact d'affirmer que nous voulons faire fuir les entrepreneurs. Nous recherchons l'effet inverse. Nous voulons brider les groupes qui obéissent à la seule logique financière. Nous souhaitons que rien ne se fasse sans justification et sans dialogue avec les salariés et avec les territoires.
Dans ma circonscription bretonne, un groupe scandinave spécialisé dans le saumon a décidé de fermer deux sites, mais il a considéré que son éthique lui imposait de financer un plan social, de mettre en place un plan de formation et de solliciter des repreneurs. Ces dirigeants, pour lesquels les choix stratégiques doivent aussi obéir à une morale, pourraient être considérés comme une source d'inspiration de ce texte, quels que soient les dégâts qu'ils ont causés.