Au sujet de l'influence sur l'emploi de l'arrivée de Free sur le marché mobile, il n'était pas possible que l'autorité de régulation ne réponde pas, au prétexte que ce serait un sujet politique, d'autant plus qu'un critère lié à l'emploi faisait partie des engagements de Free pour l'obtention d'une licence 3G. Il n'est pas non plus possible de répondre qu'elle n'aurait aucun effet en la matière. Je reprends par conséquent la réponse aussi honnête que possible que j'ai donnée au cours d'une conférence de presse, puis d'un entretien au Figaro : « Selon les analystes financiers et économiques, les suppressions d'emplois qui pourraient résulter de l'arrivée de Free peuvent être évaluées entre cinq et dix mille en chiffres bruts, sachant que Free va créer des emplois, d'où des chiffres nets plus faibles. » J'ai ajouté que suppressions de postes ne signifiaient pas licenciements économiques, en raison de mouvements naturels de départs à la retraite, qu'un opérateur peut ne pas remplacer. Il ne s'agit pas d'analyses de l'ARCEP, car nous n'avons pas de compétence spécifique pour faire de telles études, contrairement à l'INSEE, la DARES (Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques) ou la Direction du Trésor. Ces chiffres correspondent-ils à ce que l'on constate aujourd'hui ?
Deux annonces plus ou moins claires de suppressions d'emplois directs ont été faites, l'une par Bouygues Telecom, concernant un peu moins de six cents postes, dans le cadre d'un plan d'incitation aux départs, l'autre par SFR, également dans le cadre un plan d'incitation au départ qui concernerait un millier de postes environ. Il n'y aurait en revanche, d'après M. Stéphane Richard, pas de plan prévu par France Télécom, mais les départs à la retraite ne seraient pas tous remplacés. Mille six cents postes pourraient donc être supprimés, par des encouragements ou des départs volontaires. Quant aux emplois indirects, notamment dans les centres d'appels (qui ne concernent toutefois pas que ce secteur, mais aussi les assurances, les banques, toutes les entreprises de service), là aussi, selon les opérateurs eux-mêmes, à peu près mille cinq cents postes pourraient être touchés, sachant que, depuis plusieurs années, les centres d'appels connaissent une baisse tendancielle d'emplois. Il est par conséquent assez pratique de mettre entièrement sur le dos d'un nouvel opérateur l'ensemble des suppressions d'emploi, qui se font structurellement. Aux Etats-Unis, la baisse est d'ailleurs encore plus forte, - 33 % des emplois en 10 ans, alors qu'il y a beaucoup moins de concurrence dans le secteur des télécommunications. Parallèlement, Free a créé deux mille emplois, notamment dans deux centres d'appel nouveaux en région parisienne. D'autres emplois devraient être créés d'ici à la fin de l'année.
Donc, à ce jour, il pourrait y avoir 3 000 emplois, directs et indirects, supprimés, compensés par les 2 000 créés effectivement par Free, soit un solde net de - 1 000 emplois.