Merci, monsieur le ministre, pour votre exposé.
Je voudrais d'abord saluer les négociations sur la PAC qui font que, désormais, nous disposons d'une certaine marge. Malgré un contexte difficile, le Gouvernement a réussi à faire en sorte que les outils de la PAC puissent servir des politiques nouvelles comme celles qui viennent d'être présentées. C'est un excellent résultat.
Je voudrais ensuite saluer cette démarche vers l'agro-écologie. Le choix qui a été fait dans le passé en faveur d'une agriculture productiviste a abouti à laisser de côté l'aspect environnemental, mais aussi l'aspect social de la question. En effet, le bénéfice de ces nouveaux rendements a été pour le moins inéquitablement partagé entre les filières, entre les producteurs de matières premières agricoles et l'ensemble de la distribution.
Comme vous l'avez très bien souligné, cette nouvelle approche n'est pas un retour en arrière. Elle suppose même une technicité systémique, très complexe, qui devrait dépasser l'exploitation. Sans doute les bassins d'exploitation, en réunissant plusieurs professionnels, auraient une taille plus adaptée pour gérer des actions comme celles que vous avez indiquées, notamment sur l'azote.
Par ailleurs, des débats passionnés tournent autour des rejets carbonés et des performances recherchées par l'élevage traditionnel. Ce que vous avez dit à propos des stocks de carbone présents dans les sols est donc particulièrement bienvenu, puisqu'il démontre tout l'intérêt de ne pas retourner les prairies naturelles et d'y faire de l'élevage bovin.
Vous avez souligné l'importance de la connaissance. Mais comment conjuguer ce qui est relève de la recherche et des institutions, avec ce qui relève de l'observation et du retour d'expériences du terrain par les agriculteurs ? En effet, pour faire progresser des systèmes, il faut également se placer au niveau de l'exploitation elle-même.
Comment partager avec la population cette connaissance et ces nouveaux itinéraires techniques, dont l'objectif ne serait pas d'atteindre 100 quintaux de blé à l'hectare mais, par exemple, d'améliorer le revenu des agriculteurs, l'autonomie protéique de nos élevages et de minimiser les intrants d'origine extérieure ? Comment faire en sorte que la population se réconcilie avec son agriculture ? Les agriculteurs ont souvent le sentiment que l'opinion leur est hostile, pour des raisons liées à l'environnement.
Enfin, monsieur le ministre, vous avez dénoncé l'aspect anachronique des normes qui ont été imposées au fur et à mesure que des problèmes apparaissaient. Mais sera-t-on capable, au niveau européen, d'apprécier la performance systémique ? Il ne s'agit plus de se demander comment faire évoluer les normes, mais de se demander si les objectifs sont bien respectés.