Monsieur le ministre, je suis issu d'un grand département agricole, la Meuse, où les agriculteurs font, depuis des années, des efforts considérables pour améliorer leurs pratiques. Je me fais leur porte-parole auprès de vous.
Premièrement, il faut mener des contrôles intelligents. Les agriculteurs sont parfois excédés par l'idiotie des systèmes de contrôle actuels, dont il faudrait revoir la temporalité et l'échelle. Pourquoi 20 mg de concentration par litre dans la Meuse et 70 mg en Bretagne ? Pourquoi limiter cette année le retournement du colza à 36 %, dans le cadre des mesures rotationnelles ? Pourquoi, lorsque le printemps est humide, n'est-il pas possible d'utiliser des outils de traitement alternatifs ? Les agriculteurs se mobilisent, notamment à travers le réseau des Défis ruraux. Comment rendre ces contrôles plus adaptés ?
Deuxièmement, nous avons besoin d'un minimum de moyens. Je vous donne un exemple. Pour éviter des traitements phytosanitaires excessifs et mal positionnés, un réseau de stations météorologiques a été créé par le ministère de l'agriculture il y a quelques années. La finalité de ce réseau était, à terme, de modéliser le risque régional vis-à-vis de certains bioagresseurs. Or, en 2013, la Direction générale de l'alimentation qui finance la maintenance de ce réseau et l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques – ONEMA – ont décidé d'une baisse de crédits. En conséquence de quoi, de nombreuses stations météorologiques, dont celle de Redon, ne seront plus entretenues. Mon département est touché. Trois stations vont être fermées. Or, dans le cadre du programme Écophyto, ces stations sont incontournables pour mieux adapter les traitements au contexte pédoclimatique. Pourriez-vous évoquer ce sujet ? Nous risquons de décourager les nombreux agriculteurs qui s'étaient engagés. Il nous faut des moyens ciblés.
Troisièmement, nous avons besoin de mesures de bon sens. Comment concilier l'agro-écologie vertueuse et les réalités locales ? S'il apparaît plutôt séduisant sur le papier, le projet agro-écologique pour la France laisse sur le terrain quelques interrogations. Par exemple, il pourrait bien signer l'arrêt définitif du plan de stockage de l'eau. En effet, le ministère de l'agriculture, en se basant sur certaines expériences, proposera peut-être de réduire fortement les quantités d'eau utilisées. Nous ne le contesterons pas. Sauf que cela remettra en cause un certain nombre de pratiques de bon sens.
Enfin, les recherches, notamment celles menées par l'INRA, permettent-elles de dégager des résultats que des agriculteurs pourraient mettre à profit sur le terrain ? Je sais que le sujet n'est pas facile, car cela pose la question de l'acceptabilité des nouveaux types de production et de la part des subventions dédiées à ces recherches dans les prochaines années.