En tant que viticultrice et au nom des écologistes, nous condamnons bien sûr l'action violente qui a été menée cette nuit, a priori par le Comité d'action viticole, et ce quelles que soient d'ailleurs les revendications de ses auteurs.
Je tiens par ailleurs à rappeler que si les agriculteurs sont sensibles à leurs revenus, ils sont capables de s'orienter vers de nouvelles pratiques et de nouvelles filières dès lors qu'ils ont confiance et qu'ils se sentent réellement soutenus et encouragés pour le faire. Ils sont aussi soucieux de préserver leur santé, celle de leur famille et leur environnement. Mais ils ne souhaitent pas être montrés du doigt.
J'axerai maintenant mon propos sur les programmes d'action proposés pour l'agro-écologie.
Concernant le plan « énergie méthanisation autonomie azote » ou plan EMAA, je voudrais vous interroger sur les méthaniseurs. Ne vaudrait-il pas mieux en installer à l'échelle du territoire plutôt qu'à l'échelle de la ferme, pour assurer leur continuité et regrouper les effluents de plusieurs exploitations ? Ne faudrait-il pas légiférer pour interdire l'alimentation de ces méthaniseurs avec des céréales ou autres végétaux destinés à l'alimentation animale. C'est mon avis. Quel est le vôtre ?
Le plan « protéines végétales » est positif pour l'autonomie des fermes et la relocalisation. En effet, aujourd'hui, nous importons 70 % des protéines végétales. Cela étant, nous avons besoin d'outils pour aider à la contractualisation entre producteurs végétaux et producteurs éleveurs. J'espère que la prochaine loi le prévoira.
Le plan « ambition bio 2017 » soutiendra l'agriculture biologique en matière de production agricole. Mais pour qu'il réussisse, il faudrait pouvoir structurer les filières commerciales et coopératives ou collectives.
Le plan de développement durable de l'apiculture a été activé, et il me paraît essentiel que l'apiculture figure dans cette loi d'avenir. Rappelons que sans les abeilles et leur travail de pollinisation, de nombreuses productions oléagineuses ou fruitières ne seraient tout simplement pas possibles.
Concernant le plan Écophyto, les groupements d'intérêt économique et environnemental – GIEE – devraient bénéficier de moyens importants. Mais quelle emprise aurez-vous sur les comités VIVEA, notamment pour orienter les formations et le développement ?
Le fait de séparer la vente du conseil agricole est important, mais je pense qu'il faut aller plus loin, et notamment interdire l'introduction d'antibiotiques dans les aliments du bétail.
Je voudrais avoir également des précisions sur les leviers mis en place, notamment sur la fiscalité écologique, et appeler votre attention sur la nécessité de préserver les terres agricoles, forestières et naturelles. Leur répartition et leur affectation devront prendre en compte un objectif ambitieux pour l'installation. Des schémas régionaux agricoles et alimentaires pourraient y contribuer. L'agriculture biologique devrait elle aussi être encouragée par ce plan.
Enfin, monsieur le ministre, envisagez-vous de prendre des mesures foncières pour favoriser l'agro-écologie ?