Intervention de Élisabeth Guigou

Réunion du 10 juillet 2013 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente :

Mes chers collègues, nous sommes réunis pour la dernière fois avant la suspension estivale des travaux parlementaires, sauf événement exceptionnel dont on ne peut exclure l'éventualité. Depuis le début de la législature, notre commission s'est réunie à 96 reprises, a siégé 140 heures, examiné 37 conventions internationales, auditionné de nombreuses personnalités, constitué 12 missions d'information ou groupes de travail, 5 missions devant rendre leurs conclusions en septembre ou octobre. Je vous remercie de votre assiduité.

L'actualité internationale m'ayant conduite à consacrer cette réunion à la situation en Égypte, plutôt qu'au bilan de notre activité et à notre programme de travail, nous avons le plaisir d'accueillir Claude Guibal, chef du service international de France Culture et ancienne correspondante de Radio France en Égypte, et Antoine Basbous, directeur de l'Observatoire des pays arabes. Je vous remercie, madame, monsieur, d'avoir répondu à notre invitation.

Vous allez nous aider à mieux comprendre la crise qui vient de s'ouvrir avec la destitution du président Mohamed Morsi, la suspension provisoire de la constitution égyptienne et la nomination d'un président par intérim, M. Adli Mansour, qui a prêté serment jeudi dernier et qui, lui, ne semble pas contesté. La « feuille de route » présentée par l'armée égyptienne prévoit ensuite la nomination d'un gouvernement de technocrates, la création d'un comité chargé de réviser la Constitution et l'organisation rapide de nouvelles élections présidentielles et législatives.

Comme l'a dit le Président de la République lors de son déplacement en Tunisie, cette situation est un aveu d'échec. Des millions d'Égyptiens se sont mobilisés pour réclamer le départ d'un président qui a finalement été déposé, alors qu'il avait été le premier à être élu démocratiquement en Égypte. Tout le paradoxe est que des partis se définissant comme démocrates et libéraux se sont tournés vers l'armée pour obtenir sa destitution, après des manifestations d'une ampleur considérable, qui ont réuni, dit-on, une foule plus nombreuse que lors des funérailles de Nasser.

Cet échec est manifestement celui de la transition égyptienne telle qu'elle s'était déroulée jusqu'à présent. Dans cette affaire, l'on ne saurait sous-estimer le rôle fondamental du contexte économique et social, que nous a rappelé hier Laurent Fabius, et de se focaliser sur les questions institutionnelles. Toujours est-il que la Constitution adoptée au mois de décembre dernier était loin de rassembler toutes les composantes de la société égyptienne autour d'un nouveau contrat social. La situation politique s'était de plus en plus tendue et polarisée, et l'impossibilité était manifeste pour les deux camps en présence de nouer un dialogue et de se mettre d'accord sur des règles du jeu partagées. Le fait que le président Morsi ait voulu accaparer tous les pouvoirs a considérablement aggravé les tensions.

Ce que nous espérons, naturellement, c'est la reprise d'une transition pacifique, respectueuse des aspirations du peuple et réunissant tous les acteurs politiques entendant participer au jeu démocratique, y compris les Frères musulmans – qui ne semblent malheureusement pas en prendre le chemin. Après les affrontements sanglants et le massacre d'avant-hier, nous avons appris ce matin que la coalition laïque et les islamistes rejetaient la « déclaration constitutionnelle », ce qui semble montrer que la coalition se fissure.

Je vais maintenant donner la parole à Mme Claude Guibal puis à M. Antoine Basbous pour un bref propos introductif, avant les questions des membres de la Commission.

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