Je suis moins connu que Tony, non seulement à cause de mon palmarès mais parce que j'appartiens à la Fédération handisport et au mouvement paralympique. Pour nous, athlètes handisport, les Jeux de Londres – dont c'était personnellement ma deuxième paralympiade – ont été ceux de l'émancipation. Auparavant, au niveau national ou international, nous ne nous définissions que par rapport au milieu valide. Pour la première fois, nous avons pu exister en tant que tels.
L'existence du Comité International Paralympique (IPC), soutenu par le CIO, et de l'Agitos, symbole des Jeux paralympiques, sont autant de preuves que notre mouvement s'est imposé. Pékin avait prouvé que les Jeux paralympiques pouvaient être grandioses. Londres a montré qu'ils pouvaient aussi atteindre un très haut niveau sportif. Depuis huit ans, les records n'ont évolué, comme ceux des athlètes valides, que de quelques dixièmes de seconde, signe que la compétition et l'adversité dans l'effort pour aller chercher une médaille sont désormais aussi fortes pour nous que pour eux.
Nous avons obtenu 45 médailles, ce qui n'est pas rien, mais trop peu d'or, ce qui détermine le classement. En une seule journée, nous avons raté neuf titres olympiques. La différence entre les pays tient à des détails imputables au degré de professionnalisme, d'organisation et de moyens. La France accuse peut-être un peu de retard sur tous ces points mais d'autres paramètres jouent aussi. Remarqué par le PES, qui cible les forts potentiels médaillables, Arnaud Assoumani, quasiment assuré de remporter deux médailles d'or, s'est blessé en juin. Dans ces conditions, il est déjà extraordinaire qu'il ait remporté deux médailles d'argent ; or, cet exploit n'apparaît pas sur un bilan, ce qui doit nous inciter à dépasser le simple point de vue chiffré.
Contrairement à ce que j'ai entendu dire, il me semble que ces Jeux paralympiques ont fait l'objet d'une importante couverture médiatique. Du fait de la proximité des JO, un débat s'est élevé sur l'absence de direct ou le fait que les athlètes en situation de handicap avaient été moins bien traités que les athlètes valides. Pourtant, entre Pékin et Londres, nous sommes passés de l'ombre à la lumière. En 2008, les Jeux paralympiques n'avaient bénéficié d'aucune couverture médiatique. La seule mention du handicap à Stade 2 avait été l'exclamation de Guy Carlier : « Les joueurs du PSG ont joué comme des handicapés ! ».
Cette année, grâce à France Télévisions – que je remercie pour cela – nous avons bénéficié d'une couverture à mes yeux satisfaisante et d'images de qualité. C'est un grand pas en avant : on ne peut passer de rien à tout du jour au lendemain. On peut toujours espérer mieux et le prochain bond en avant, du moins je le souhaite, sera pour Rio. La France n'est pas prête à ce que les Jeux paralympiques fassent l'objet d'une diffusion en direct et en continu. Par contre, le format retenu à Londres peut sans doute être étoffé, puisque les Jeux paralympiques ont pris de l'ampleur. Pour ne pas rater le coche, il faut à présent faire les choix nécessaires pour Rio 2016.