Intervention de Pierre Sigonney

Réunion du 17 juillet 2013 à 9h30
Commission des affaires économiques

Pierre Sigonney, chef économiste chez Total :

La transition énergétique est d'abord un enjeu mondial, avec des effets très différents selon les niveaux de développement. Sur les vingt prochaines années, on s'attend à une hausse de la demande énergétique de plus de 30 % tirée par les pays émergents, en particulier la Chine, les pays asiatiques, les pays africains. Le changement climatique dépendra plus des politiques de ces pays que de celles des pays développés.

Permettez-moi de présenter rapidement le mix énergétique que nous envisageons à l'horizon 2035. D'abord, un développement important des énergies renouvelables, avec des taux de croissance supérieurs à 10 % pour l'éolien et le solaire. Partant aujourd'hui d'une base extrêmement faible, on s'attend à une part de l'éolien et du solaire ne représentant que 5 ou 6 % du mix en 2035. Sur le plan du nucléaire, les attentes et les évolutions sont très fortes depuis l'accident de Fukushima. En face d'une réduction dans les pays développés, en premier lieu au Japon, certains pays émergents, notamment la Chine, l'Inde et la Russie misent toujours sur son développement. La part du nucléaire dans le mix global devrait donc rester au voisinage aussi de 6 %. Dans les domaines de l'hydroélectricité et de la biomasse, on s'attend à une croissance modérée. D'une part, le potentiel hydroélectrique a été très utilisé dans les pays développés et la construction de grands barrages devient de plus en plus difficile, même dans un pays comme la Chine. D'autre part, la composante traditionnelle de la biomasse, non bénéfique à l'environnement, sera abandonnée au profit de la composante plus moderne, dont le développement dépendra néanmoins des arbitrages rendus sur l'utilisation de certaines matières premières agricoles à des fins énergétiques ou alimentaires.

Il faut en conclure que les énergies fossiles resteront prépondérantes dans les vingt ans qui viennent et qu'elles représenteront environ 75 % du mix contre 80 % aujourd'hui, la part du pétrole descendant légèrement autour de 30 % et une incertitude persistant sur les rôles respectifs du gaz naturel et du charbon. Comme Gérard Mestrallet l'a indiqué, on s'attend à des évolutions différenciées de ces énergies, avec une très forte progression du gaz naturel aux États-Unis et un rôle toujours majeur du charbon en Chine et pour l'instant en hausse en Europe. Nous considérons que cette montée est sans doute transitoire.

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