On ne peut que se réjouir de la volonté du Gouvernement d'affronter cette terrible crise du logement. Ce projet de loi apporte à ce problème des réponses globales, et d'autres sur des points plus précis. Les quelques critiques que je me permettrai se veulent donc tout à fait constructives : je ne suis en rien hostile à ce texte.
Je regrette néanmoins le calendrier de son examen, en commission comme en séance publique : c'est un texte important, lourd, qui aurait mérité un autre traitement.
Les problèmes de politique du logement sont avant tout budgétaires : tant que les aides à la pierre n'auront pas été accrues suffisamment pour faire sortir de terre 150 000 logements sociaux par an, la crise du logement demeurera. Les mesures techniques ne remplaceront jamais les crédits manquants ! Le lobby bancaire redouble d'efforts pour mettre la main sur le livret A ; il faut au contraire que celui-ci finance le logement social, et non les profits des banques.
Je me réjouis de votre volonté de lutter contre la hausse des loyers – en Île-de-France, une augmentation de plus de moitié en dix ans ! Toutefois, le mécanisme d'encadrement que vous prévoyez est risqué – il pourrait provoquer une inflation des loyers, qui tendraient à s'aligner à la limite supérieure de 20 % au-dessus de la médiane. Il est de toute façon insuffisant : il ne faut pas entériner la hausse vertigineuse du coût du logement depuis vingt ans. Nous proposons donc plutôt de diminuer les loyers dans les zones tendues.
Avec la GUL, vous voulez protéger les propriétaires contre les impayés et donc réduire le nombre d'expulsions. Ce mécanisme serait mis en place en 2016 : n'est-ce pas trop tard ? Que se passera-t-il entre-temps ? Il y a urgence : Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation Abbé Pierre, estime que ce projet de loi n'est pas à la hauteur du problème des expulsions locatives.
Je regrette que vous ne reveniez pas sur les réformes iniques de la droite, notamment la loi Boutin. On ne peut pas évacuer la question de la mixité sociale, aujourd'hui menacée par une ghettoïsation croissante. Vous ne prévoyez rien non plus contre la spéculation immobilière.
Enfin, la réquisition de logements vacants a donné peu de résultats jusqu'à maintenant. Beaucoup d'associations soulignent que ce projet de loi ne traite pas suffisamment des plus défavorisés.
Encore une fois, je n'adopte pas ici une posture d'opposition : il s'agit pour nous d'améliorer ce texte.