Intervention de Michel Sapin

Séance en hémicycle du 11 septembre 2012 à 15h00
Création des emplois d'avenir — Présentation

Michel Sapin, ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social :

Monsieur le président, mesdames, messieurs, le Gouvernement vous présente le premier projet de loi de cette session extraordinaire. Ce texte répond à la première priorité de ce quinquennat qui commence : la jeunesse. Il veut contribuer à répondre à une attente essentielle de cette jeunesse : l'accès à un emploi et à un emploi durable.

Le changement aujourd'hui s'incarne dans cette première mesure en faveur des jeunes. Je ne suis pas venu vous présenter un dispositif technique déconnecté des réalités ; je viens, au nom du Gouvernement, vous proposer de mettre en oeuvre concrètement le changement en redonnant un espoir à une jeunesse trop longtemps laissée à l'abandon.

Comment peut-on vivre et se projeter dans une société où la jeune génération serait condamnée à vivre moins bien que la précédente ? Dans la crise que nous traversons, la situation de l'emploi est particulièrement difficile, vous le savez tous. Elle l'est encore plus pour les jeunes et, en particulier, pour les moins qualifiés d'entre eux. Le taux de chômage des jeunes est aujourd'hui de 22 %, plus du double de la moyenne des actifs ; il dépasse 45 % pour les jeunes sans diplôme. L'accès à un emploi durable est un parcours du combattant pour les jeunes – d'une manière générale, puisque seuls 60 % y sont parvenus dans les trois ans suivant leur sortie de l'école. Mais – et les uns et les autres le vivez sur le territoire – pour ceux qui n'ont pas de diplôme, c'est encore plus compliqué : seulement 30 % d'entre eux trouvent, dans cette même période de trois ans, un emploi durable. Cette situation est d'autant plus insupportable que le nombre de ces jeunes sortant de l'école sans aucun diplôme, s'il a été divisé par deux en deux décennies entre 1980 et 2000, n'a pas cessé d'augmenter au cours des dix dernières années. Ainsi, 120 000 jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail sans les armes d'une qualification, en proie aux plus grandes difficultés. Cette situation n'est évidemment pas acceptable. Elle nous impose d'agir vite.

La réussite scolaire, la lutte contre le décrochage, la qualification du plus grand nombre de nos jeunes à l'école est bien sûr la première réponse et le Gouvernement s'y emploiera. L'alternance, pour acquérir un diplôme, est aussi une réponse à privilégier pour tous les jeunes qui y sont prêts. Là encore, le Gouvernement se mobilise avec les outils existants. Mais nous savons que cela ne suffit pas. Plus de 500 000 jeunes sans diplôme ont déjà quitté l'école et sont sans emploi, sans formation, sans alternance. La moitié d'entre eux ne sont même pas inscrits à Pôle emploi tellement ils sont éloignés de l'emploi. La plupart n'ont jamais connu autre chose que des petits boulots ponctuels en CDD de quelques semaines, ou de quelques mois dans le meilleur des cas. C'est le triste bilan d'une politique qui a profondément échoué. Certains ont cru qu'on pouvait supprimer massivement des postes et des moyens à l'éducation nationale sans que cela ait de conséquences. Certains se sont laissé aveugler par une logique idéologique comptable qui présentait les dépenses envers la jeunesse uniquement comme un coût alors qu'elles représentent à l'évidence un investissement sur l'avenir. On en mesure aujourd'hui les conséquences. Pour ces jeunes, ceux qui constituent dans beaucoup de nos quartiers le « noyau dur » du chômage des jeunes, il faut développer de nouveaux outils. C'est le sens des emplois d'avenir dont le Gouvernement vous propose la création. Ainsi, 100 000 emplois d'avenir seront déployés d'ici à la fin de l'année 2013 et 150 000 jeunes seront en emplois d'avenir en rythme de croisière au cours de l'année suivante. Cela représente un investissement conséquent : 2,3 milliards d'euros seront engagés au cours de l'année 2013 afin de financer, pour les trois ans à venir, les 100 000 premières entrées. Le montant en crédits de paiement sera pour 2013 d'environ 500 millions d'euros, car nous tablons sur une montée en charge progressive du dispositif au cours de l'année. Mais, et le Président de la République l'a encore rappelé dimanche soir, je disposerai de tous les moyens nécessaires pour une mise en oeuvre éventuellement plus rapide, y compris dès la fin de cette année.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion