Intervention de Jean-Marc Germain

Séance en hémicycle du 11 septembre 2012 à 15h00
Création des emplois d'avenir — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marc Germain, rapporteur de la commission des affaires sociales :

Monsieur le président, messieurs les ministres, madame la présidente de la commission des affaires sociales, monsieur le président de la commission des affaires culturelles et de l'éducation, madame la rapporteure pour avis, chers collègues, permettez-moi de commencer par des remerciements.

Merci de m'avoir confié la responsabilité d'être votre rapporteur sur ce projet de loi ! Je suis d'autant plus honoré qu'il a pour objet le combat le plus noble qui soit : redonner un espoir à la jeunesse.

Aujourd'hui, constat terrible, les jeunes pensent qu'ils vivront moins bien que leurs parents. Ils ont la conviction que le progrès n'est plus possible ou, en tout cas, pas pour eux. Aucune société ne peut vivre durablement avec ce sentiment ancré dans sa jeunesse. Un pays qui ne donne pas sa place à sa jeunesse est un pays qui n'a pas d'avenir. C'est cette conviction profonde qui a conduit le Président de la République à faire au Bourget, lors de la campagne électorale, ce serment : « C'est pour la jeunesse de notre pays que je veux présider la France. Je veux redonner confiance à la jeunesse ! »

Redonner confiance et espoir à la jeunesse, c'est d'abord rétablir la promesse républicaine d'égalité des chances à l'école : après des années de dégradation, l'école a relevé la tête en cette rentrée. C'est un premier pas avant la grande réforme qui conduira à donner à chaque enfant les moyens dont il a besoin pour réussir.

Redonner espoir à la jeunesse, c'est ensuite lui permettre de réussir son entrée dans la vie active. Le chômage est un mal ; le chômage des jeunes est un fléau. Notre pays ne peut accepter qu'un jeune sur quatre soit au chômage. Notre pays ne peut accepter qu'à la galère du chômage succède l'angoisse de la précarité. Notre pays ne peut accepter qu'il faille aujourd'hui attendre d'avoir vingt-huit ans avant de décrocher son premier CDI. Notre pays ne peut l'accepter et il ne l'accepte pas. Le Président de la République a fixé dimanche une ambition. Elle est haute ; elle vous oblige, vous l'avez dit, monsieur le ministre délégué chargé de la formation professionnelle. Elle nous oblige tous. Il s'agit d'inverser la courbe du chômage en un an.

Pour inverser la courbe du chômage, il nous faudra retrouver la croissance et restaurer la compétitivité. C'est l'objet de la nouvelle politique économique du Gouvernement. Investissements européens à hauteur de 120 milliards d'euros obtenus de haute lutte par le Président de la République, banque publique d'investissement, fiscalité encourageant l'embauche, la formation et l'investissement : il n'y aura pas de baisse durable du chômage sans redressement de notre économie.

Pour inverser la courbe du chômage, il faut un glaive, mais aussi un bouclier. Il faut protéger nos entreprises et nos savoir-faire de la concurrence déloyale avec de nouvelles armes commerciales. C'est le nouveau combat européen de François Hollande, celui du juste échange qui impose la réciprocité des sauvegardes et le respect des normes sociales et environnementales.

Il nous faut aussi protéger les salariés, tout en permettant aux entreprises de s'adapter. C'est le nouveau chantier de Michel Sapin que les partenaires sociaux ont engagé à son invitation.

Il faut de la croissance, il faut de la protection, mais il faut aussi des emplois aidés. Ils sont nécessaires, ils sont utiles, ils sont même indispensables pour enrayer la crise.

L'histoire a montré que, dans les périodes de crise profonde comme celle que nous connaissons, c'est par l'emploi que la croissance repart et non le contraire. Cela a encore été le cas à partir de 1997. On parle souvent de ces années comme d'une période de croissance, mais la croissance n'était pas là initialement. Ce sont les emplois-jeunes qui ont permis d'inverser la vapeur en donnant du pouvoir d'achat aux jeunes et de la confiance aux familles.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, je fais ce pronostic : c'est à nouveau par l'emploi, avec les emplois d'avenir, et avec les contrats de génération, que notre pays repartira de l'avant.

Je veux, chers collègues, que chacun d'entre nous prenne bien la mesure de la puissance des outils que le Gouvernement met actuellement en place : 150 000 emplois d'avenir, 500 000 contrats de génération, qui s'ajoutent aux 80 000 contrats uniques d'insertion débloqués en juin. Nous ne sommes ni dans l'expérimentation ni dans le pansement ; il s'agit d'un changement d'échelle de la politique de l'emploi, qui changera la donne pour ceux qui galèrent tant sur le marché du travail.

Oui, la bataille contre le chômage est lancée tous azimuts par le Gouvernement. Le projet de loi portant création des emplois d'avenir en constitue une pièce centrale. J'ai rappelé les chiffres effrayants du chômage des jeunes. Monsieur le ministre du travail, vous avez cité ceux qui concernent les jeunes non qualifiés, soit un taux de chômage supérieur à 45 % en moyenne dans les quatre années suivant la fin de la scolarité.

Que dire de la situation dans les territoires les plus fragiles de notre pays ? Près d'un jeune sur deux est au chômage, parfois davantage. Quelle société peut tenir dans ces conditions ?

C'est à ce coeur du chômage des jeunes que le projet de loi s'attaque. Au fond, l'objectif est simple : donner une première expérience professionnelle solide à cette frange de la jeunesse qui est aujourd'hui dans la situation la plus critique. Pour eux, aujourd'hui, c'est l'impasse : pas d'expérience, pas d'emploi ; pas d'emploi pas d'expérience. Il faut briser ce cercle infernal.

Je remercie le Gouvernement qui s'est rendu exceptionnellement disponible pour travailler ce texte durant tout l'été, jusqu'à ces dernières semaines, en concertation avec la représentation nationale.

Je veux vous le dire d'emblée, chers collègues, avec l'expérience de celui qui travaille depuis vingt ans sur ces questions, cette loi est une bonne loi. J'en ai la conviction : les emplois d'avenir de Michel Sapin laisseront leur trace dans notre pays comme les emplois-jeunes de Martine Aubry.

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