Intervention de Michel Sapin

Séance en hémicycle du 11 septembre 2012 à 15h00
Création des emplois d'avenir — Motion de renvoi en commission

Michel Sapin, ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social :

Je n'ai pas à faire le tri entre les arguments avancés par M. Richard, mais je dois dire que certains d'entre eux, et même parfois certaines de ses intonations, sonnaient juste.

Face aux difficultés – que vous connaissez, monsieur le député, y compris dans la circonscription dont vous êtes l'élu –, on ne peut pas rester sans un peu émotion et sans volonté d'agir lorsqu'on connaît la réalité du chômage des jeunes, dans ces quartiers comme dans les zones rurales. Je voudrais donc vous remercier, monsieur le député, pour ces moments-là, qui m'ont paru être extrêmement sincères, et porteurs d'une capacité de proposition, comme ce fut d'ailleurs le cas en commission, où plusieurs de vos amendements ont déjà été adoptés et ont donc déjà enrichi le texte qui est aujourd'hui soumis à votre assemblée.

Sur les autres aspects, je ne veux pas polémiquer. Il y a dans l'art oratoire, ou dans ce que l'on croit être l'art oratoire, certaines polémiques qui ne me semblent pas forcément utiles. Je voudrais cependant répondre à la critique que vous avez formulée en ce qui concerne la gestion du temps.

Vous avez parlé de « précipitation ». Mais d'un autre côté, j'avais cru comprendre que l'on nous reprochait plutôt notre « inertie ». Alors, nous sommes dans l'inertie ou dans la précipitation ? Il faudra choisir l'un de ces deux angles d'attaque. Vous ne pouvez pas parler d'inertie quand cela vous arrange, et de précipitation à un autre moment.

Le jugement que les Français porteront, c'est celui qui consiste à dire que nous nous préparons à l'action et que nous agissons lorsque nous sommes prêts et que la société nous paraît prête.

La proposition de créer les emplois d'avenir date-t-elle d'il y a trois semaines ? Non. Il y a été réfléchi pendant de longs mois. C'est même la proposition n° 32 du programme du candidat Hollande – je ne sais pas pourquoi je me souviens de ce numéro. Je me souviens de quelques autres, mais celui-ci en tout cas décrivait très explicitement le mécanisme de ces emplois d'avenir. Il citait même – c'est vous dire le niveau d'impréparation ! – un chiffre précis : 150 000. Qu'il s'agisse du chiffre, du niveau, du montant, de l'engagement, oui, les choses étaient prêtes et réfléchies.

Deuxièmement, s'agissant de la grande conférence sociale, je vous invite, les uns et les autres – à gauche, je suis sûr que c'est déjà fait, mais à droite vous y auriez intérêt –, à lire la feuille de route sociale qui est issue de cette grande conférence. Tous les partenaires sociaux l'ont en main, et travaillent avec elle, très concrètement. Dans cette grande conférence sociale, nous avons abordé le sujet des emplois d'avenir. Tous les partenaires sociaux – je dis bien tous, et vous pourrez vérifier – s'en félicitent, en nous disant par ailleurs que c'est une politique voulue par l'État, avec des moyens qui sont, par définition, ceux de l'État. C'est pourquoi, s'ils demandent à pouvoir donner leur opinion, ils disent qu'ils n'ont pas à négocier sur un dispositif de cette nature. Ils nous ont tous déclaré cela, contrairement à ce qu'ils nous ont dit sur le contrat de génération – que nous faisons par ailleurs – comme, évidemment, sur la question de la sécurisation de l'emploi, ce qui nécessite d'abord et avant tout, même si vous le brocardez parfois, de prendre le temps de la négociation, indispensable à la prise de décisions bonnes et durables.

Ils nous ont demandé, donc, une concertation. Et celle-ci a eu lieu. Nous les avons tous rencontrés, ainsi que toutes les associations, tous les grands réseaux concernés. Le ministre chargé de l'économie sociale et solidaire a rencontré un par un tous les acteurs de ce secteur. À ce sujet – mais nous y reviendrons dans la discussion des articles –, arrêtez de dire que ce sont tous des emplois publics. Ou alors, expliquez aux associations, expliquez à l'économie sociale et solidaire, que leurs emplois sont des emplois publics ! Il s'agit bien de mécanismes privés,…

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