Intervention de Christophe Sirugue

Séance en hémicycle du 11 septembre 2012 à 15h00
Création des emplois d'avenir — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Sirugue :

Monsieur le président, messieurs les ministres, madame la présidente de la commission des affaires sociales, monsieur le rapporteur, madame la rapporteure pour avis, chers collègues, le taux de chômage pour l'ensemble de la population s'élève à 9,6 %, mais il est de 22,5 % pour les jeunes. Ce constat est sans appel. Oui, les jeunes sont parmi ceux qui paient le prix fort de la crise que nous traversons. Leur taux de chômage est passé en un an, du second trimestre 2008 au second trimestre 2009, de 18,7 % à 23,9 % quand il passait de 7,3 % à 9.1 % pour l'ensemble de la population active française. Les chiffres ne se sont pas améliorés depuis, mais la crise n'est pas responsable de tout. La précarité et la pauvreté chez les jeunes sont des phénomènes rampants depuis bien plus longtemps que cela. Depuis 1970, le taux de pauvreté des personnes de plus de 60 ans a été divisé par deux, pendant que celui des jeunes de 20 à 30 ans a doublé.

Il s'agit donc d'un problème de fond, et pas seulement d'une mauvaise passe. La récession a clairement fait de cette génération une variable d'ajustement, mais quelque chose de plus profond et de plus insidieux dans l'organisation de notre société freine, génération après génération, l'entrée de ces jeunes sur le marché de l'emploi.

Les diagnostics font florès. Il y a embouteillage au démarrage, même si ce démarrage s'étend parfois sur dix ans. Les jeunes seraient parfois trop qualifiés pour les métiers en tension, parfois pas assez pour le tertiaire. Quelle qu'en soit la raison, il faut garder à l'esprit que ce phénomène est profond. Il touche également d'autres pays européens. Le chômage des jeunes atteint 53 % en Espagne, 36 % au Portugal et en Italie. C'est un problème grave, qui pourrait encore s'aggraver, et doit être traité en priorité. Nous faisons partie de ceux qui se réjouissent que le Président de la République ait fait de la jeunesse l'axe principal de son engagement.

Il y a eu, sous le gouvernement précédent, des tentatives de résolution. La Commission de concertation sur la politique de la jeunesse a permis, admettons-le, une prise de conscience de ces problèmes. Mais elle s'est beaucoup penchée sur les jeunes diplômés, oubliant au passage tous les jeunes exclus, qui n'atteignent pas même une existence statistique.

C'est à cette frange invisible, entre autres, que les emplois d'avenir s'adresseront en priorité, à tous ces jeunes peu ou pas qualifiés dont le précédent gouvernement n'attendait qu'une chose : qu'ils se tiennent tranquille. Le CIP, le CPE, le plan Espoir Banlieues, le plan Agir pour la jeunesse, le RSA jeunes, tous les derniers plans gouvernementaux sur le sujet ont connu l'échec. Tous, sauf les emplois jeunes. La tentation aurait donc pu être grande de vouloir recréer ce qui avait marché. Mais la situation a changé. Les jeunes de 2012 ne sont pas ceux de 1997. Le marché de l'emploi a changé, les emplois eux-mêmes ont évolué de façon spectaculaire.

Il faut rappeler que les emplois jeunes ont été mis en place avant le passage à l'ère numérique. La filière des nouvelles technologies n'existait pas dans les proportions que nous connaissons aujourd'hui. Les emplois jeunes ont été créés avant la prise de conscience écologique : les emplois verts n'étaient alors que balbutiants. Ils ont été créés avant le développement de la société de services : on ne parlait pas encore des emplois blancs. Surtout, ils ont été créés avant l'explosion des emplois en milliers de temps partiels subis, fractionnés, émiettés en quelques heures par-ci par-là. Cette explosion restera l'une des grandes conséquences des politiques menées par la précédente majorité.

Les emplois d'avenir sont donc un autre dispositif qui s'adresse à une autre génération, destinée à un autre marché de l'emploi. Les jeunes non qualifiés sont notre première cible. Notre ambition n'est pas la pérennisation à tout prix de l'emploi, mais une double issue : soit la pérennisation, soit la qualification.

Oui, ce texte arrive tôt dans la rentrée parlementaire. Mais il relève beaucoup plus de la volonté politique que de l'élaboration technique.

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