Intervention de Huguette Bello

Séance en hémicycle du 11 septembre 2012 à 21h30
Création des emplois d'avenir — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHuguette Bello :

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, les emplois d'avenir sont le premier rendez-vous du Gouvernement avec la jeunesse.

Que cette rencontre se fasse précisément avec ceux-là mêmes des jeunes qui sont confrontés aux plus rudes obstacles pour accéder à un emploi et à une qualification professionnelle est d'une grande signification. Il s'agit pour nous du premier coup d'archet de la politique qui sera conduite durant ce quinquennat pour lutter contre le chômage des jeunes. Les emplois d'avenir sont, en ce sens, le signe du changement que nous attendions en matière d'emploi.

Ce rendez-vous est très attendu puisque la jeunesse était au coeur des préoccupations du candidat François Hollande et qu'elle se trouve désormais au centre des priorités du Président de la République.

La crise et ses conséquences désastreuses sur l'emploi donnent au texte que nous examinons une importance et une urgence exceptionnelles. Dans les territoires qui subissent des situations de chômage dramatiques, la jeunesse attend avec anxiété les solutions qui lui ouvriront enfin la voie de l'insertion et de la qualification professionnelles.

Il en est ainsi des jeunes actifs des départements d'outre-mer qui connaissent des taux de chômage sans équivalent dans l'Union européenne, y compris en Grèce. Dans nos territoires, 60 % des jeunes actifs de 16 à 25 ans sont sans travail, soit près de trois fois plus que la moyenne nationale. Sans une action assez forte pour endiguer et inverser cette tendance, le chômage deviendra rapidement la norme, et l'emploi l'exception.

À la Réunion, dans certaines rues ou, pour reprendre le vocabulaire de l'INSEE, dans certains îlots d'habitation, le taux de chômage peut même atteindre près de 80 %. Ce ne sont plus les jeunes chômeurs que l'on y remarque ; ce sont ceux qui ont trouvé du travail, ceux qui ont gagné à la loterie du travail. Quand l'avenir d'une jeunesse se joue entre désespoir et révolte, c'est la société tout entière qui est menacée dans sa cohésion.

Dans notre île, les diplômés sont de moins en moins épargnés. Il faut attendre près de quatorze mois avant de trouver un emploi. Il n'est donc pas rare qu'un jeune d'à peine vingt ans soit déjà un chômeur de longue durée. Le risque est encore plus grand s'il est sorti du système scolaire sans diplôme : ceux qui sont dans ce cas sont, chez nous, en moyenne deux fois plus nombreux qu'au niveau national.

Affronter cette catastrophe, ce n'est plus seulement une urgence ; c'est une nécessité absolue, une exigence absolue. Je salue, à cet égard, la proposition de la commission des affaires sociales qui a inscrit les départements et collectivités d'outre-mer parmi les territoires où ce nouveau dispositif s'appliquera de manière prioritaire. De même avons-nous bien noté que la prise en charge de l'État pourrait aller jusqu'à 80 % de la rémunération pour les jeunes bénéficiaires d'outre-mer.

Permettez-moi toutefois une remarque quant aux chiffres retenus, notamment par l'étude d'impact jointe au projet de loi. Il est systématiquement fait mention des 470 000 jeunes qui ne sont ni dans un emploi ni en formation. Or ce chiffre ne prend en compte que la situation de la France hexagonale, il ne comptabilise pas les jeunes chômeurs des outre-mer. Quand il s'agit d'une réalité aussi massive, d'un fait d'une telle importance, cette marginalisation est regrettable – sans doute est-elle également dommageable pour l'analyse. Précisons donc que, pour la Réunion, le nombre de jeunes de moins de vingt-cinq ans non qualifiés et sans emploi, donc directement concernés par ces nouveaux contrats, s'élève à 19 341.

Ces jeunes veulent travailler. Si nous nous référons à l'accueil réservé à tous les dispositifs précédents, nous pouvons prédire que les postulants aux emplois d'avenir seront nombreux.

Comme son nom l'indique, l'emploi d'avenir n'est pas une fin en soi. C'est une étape. C'est pourquoi le volet de la formation est capital.

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