Madame la présidente, messieurs les ministres, monsieur le rapporteur, madame la rapporteure pour avis, mes chers collègues, avec ce projet de loi qui nous est présenté aujourd'hui, nous sommes autant dans la réparation de ce qui a été négligé ou, pire, quelquefois défait par la majorité précédente, que dans la mise en place d'une des priorités de notre gouvernement et de sa majorité : celle de l'emploi, en particulier l'emploi des jeunes.
Je disais négligé ou ignoré ; je veux parler particulièrement des zones urbaines sensibles ou des zones rurales, où la pauvreté s'installe souvent sans éclat notoire, mais où, hélas ! le vote extrémiste progresse, ce qui doit attirer notre attention.
Je disais défait ; je veux parler particulièrement du service public de l'éducation nationale, qui connaît une crise sans précédent. Tout le corps enseignant a été malmené ces dernières années, brutalement, idéologiquement, avec constance, je dirais presque avec acharnement. Cette politique injuste et inefficace nécessite aujourd'hui, dans ce domaine comme dans tant d'autres, à la fois des mesures d'urgence et des réformes de fond, qui ont d'ailleurs été annoncées – je pense à la loi d'orientation sur l'école, mais également à la réforme du droit du travail et, nous l'espérons, à la modernisation du dialogue social.
Il s'agit donc bien d'une cohérence d'ensemble : réparer et construire, tout en répondant à l'urgence. L'enjeu est évidemment majeur.
Répondre à l'urgence et dans l'urgence, vous vous y êtes engagé très tôt, monsieur le ministre, en débloquant dès votre arrivée 80 000 emplois aidés, tous ceux prévus pour l'année ayant été, si j'ose dire, consommés par le gouvernement précédent dans les trois premiers mois de la période préélectorale.
Répondre à l'urgence et dans l'urgence, c'est une nécessité à laquelle vous avez fait face en recrutant 2 000 personnes à Pôle Emploi, car nous étions très loin des promesses du ministre qui avait annoncé, au moment de la fusion entre l'ANPE et les Assedic, un agent pour soixante demandeurs d'emploi suivis.
Répondre à l'urgence, le ministre de l'éducation l'a fait en recrutant 1 000 professeurs supplémentaires pour l'éducation de nos enfants, en assurant la reconduction des contrats aidés et en favorisant un accroissement du pouvoir d'achat des familles avec la revalorisation de 25 % de l'allocation de rentrée scolaire. Nous avons obtenu, de ce fait, un climat serein et nous avons rétabli la confiance dans les établissements.
Encore n'ai-je cité à l'instant que quelques-unes des décisions prises depuis quatre mois. Avec les emplois d'avenir – 150 000 dans le secteur non marchand –, nous sommes non seulement dans la lutte en urgence contre le chômage, mais également dans le traitement du noyau dur du chômage, composé de jeunes sans aucune qualification. Pour la première fois dans l'histoire des contrats aidés, la formation est un objectif central, ce qui montre bien, si besoin en était, que c'est non pas l'employeur qui est au centre du dispositif, mais le jeune, à qui le contrat de travail doit permettre d'acquérir une qualification.
Par cette disposition, il s'agit bien de favoriser la pérennisation de l'emploi, qui dépend de l'obtention de ce véritable passeport pour l'avenir que représente une formation qualifiante pour les jeunes.
La réussite de ce dispositif, dont l'objectif est ambitieux, dépendra en grande partie de la gouvernance et des acteurs locaux, de la nécessité d'un suivi individuel, tel que le pratiquent déjà les écoles de la deuxième chance, qui, de mon point de vue, devraient être associées au dispositif de la gouvernance. En effet, nul ne devrait être écarté car le savoir-faire, dans ce domaine, sera prépondérant. L'efficacité, le sur-mesure, le suivi individuel, l'accompagnement nécessaire ne pourront se satisfaire d'une démarche trop technocratique.
Nous savons, monsieur le ministre, que c'est autant par nécessité que par conviction que vous portez ce projet. Nous serons à vos côtés pour participer à sa réalisation. Il consiste à donner d'abord un avenir à ces jeunes, qui attendent des élus que nous sommes des réponses à leur désespoir – toujours – et à leur révolte – souvent. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)