Madame la présidente, messieurs les ministres, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, chômage élevé, compétitivité dégradée, déficits considérables, endettement historique, la France souffre, s'inquiète pour son avenir, et c'est justement d'avenir dont nous parlons aujourd'hui.
François Hollande, candidat, a érigé la jeunesse en priorité absolue ; aujourd'hui, Président de la République, il nous mobilise pour mener et gagner la bataille de l'emploi. Nous voici donc réunis ici afin de débattre de la première concrétisation législative illustrant cette priorité : le projet de loi portant création des emplois d'avenir.
Ce texte découle d'une constatation indéniable : le chômage des jeunes, et particulièrement des jeunes non diplômés, ne cesse de croître. Le constat est connu, il a été évoqué plusieurs fois aujourd'hui. À M. Robinet, qui s'interrogeait sur ce qui nous séparait, je répondrai que c'est notre attitude face à un million de chômeurs. Nous refusons que plus de 120 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans diplôme, que le taux de chômage des jeunes sans qualification soit supérieur à 42 % en 2011 et qu'il dépasse les 70 % dans certains quartiers.
Nous refusons que les rares jeunes non qualifiés ayant réussi à poser un pied dans le marché du travail, peinent à y poser le second et à trouver leur équilibre. Stages non rémunérés, intérim de quelques semaines, longues périodes d'inactivité sont bien souvent le passage obligé vers un avenir professionnel toujours incertain.
On estime à environ un demi million le nombre de jeunes de moins de 25 ans aujourd'hui dans la galère et qui considèrent qu'ils n'ont plus d'avenir. Nous devons redonner espoir à la jeunesse, rétablir le pacte républicain qui nous lie à elle. Il nous faut trouver des solutions concrètes face à cette situation désastreuse. Le projet de loi sur les emplois d'avenir que nous étudions aujourd'hui répond au défi majeur de l'insertion professionnelle des jeunes non qualifiés.
La fameuse « première expérience professionnelle », devenue indispensable à tout recrutement mais inaccessible pour un jeune ne réussissant pas à mettre un pied dans le monde du travail, la fameuse « première expérience » devenue un sésame trop difficile à décrocher quand la crise tend à favoriser l'embauche de diplômés… eh bien, cette fameuse « première expérience », c'est à elle qu'accèderont les jeunes grâce à notre projet de loi. Si ces 150 000 contrats ne règlent pas à eux seuls le problème du chômage, ils représenteront néanmoins une chance pour autant de jeunes non qualifiés.
Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault s'est engagé, dès son installation, dans un combat contre le chômage. Cette proposition est le premier maillon de la politique du travail et de l'emploi qu'il entend développer, grâce, entre autres, aux 80 000 contrats aidés supplémentaires, destinés à corriger la gestion électoraliste des crédits ouverts par la droite dans la loi de finances 2012 – parfois, la droite aime les contrats aidés –, grâce aux 2 000 postes supplémentaires créés à Pôle emploi, grâce enfin à la suppression des heures supplémentaires défiscalisées, entraves à la création d'emploi.
Mais le Gouvernement a aussi ouvert les chantiers de la compétitivité, de l'apprentissage, de la formation professionnelle, du chômage partiel, de la sécurisation des parcours, de la précarité, de l'insertion… autant de thèmes impulsés lors la grande conférence sociale. Enfin, et cela nous sépare encore, nous refusons le fatalisme d'une économie dérégulée qui a perdu ses repères.
La bataille pour l'emploi est engagée, ce sont les mots du Président de la République, dimanche soir. Le projet de loi dont nous débattons aujourd'hui est une première réponse d'avenir, d'espérance même…
Je ne reviendrais pas dans le détail sur les dispositions du présent texte, mes collègues l'ont fait avant moi dans le sillage du travail exemplaire du rapporteur.
On le sait, l'objectif des emplois d'avenir est de proposer des solutions d'emploi et d'ouvrir l'accès à une qualification aux jeunes peu ou pas qualifiés, qui ne parviennent pas à trouver le chemin de l'insertion professionnelle.
Je voudrais souligner à l'intention de Denis Jacquat que notre projet n'est en rien une version « Canada Dry » des emplois jeunes ; mieux vaudrait parler du double effet « Kiss Cool » !
En tant que rapporteur spécial des budgets du travail et de l'emploi, j'aimerais m'arrêter quelques instants sur l'aspect budgétaire de cette mesure. Le ministre est clair, mais l'opposition feint de ne pas comprendre. Je reprécise donc.
Dès 2013, l'État s'engage à hauteur de 2,3 milliards d'euros en autorisations d'engagement et 500 millions d'euros en crédits de paiement. Ces crédits seront ouverts en loi de finances initiale pour 2013. En année pleine et à leur rythme de croisière, les emplois d'avenir mobiliseront 1,5 milliard d'euros par an. Leur financement en 2013 sera logiquement moindre, en raison de la montée en charge progressive du dispositif.
Il est important de souligner que les crédits d'accompagnement n'ont pas été oubliés dans la budgétisation de cette mesure. Preuve du sérieux budgétaire du Gouvernement, 30 millions d'euros sont prévus afin de financer les missions locales, au coeur du mécanisme.
Aujourd'hui, les emplois d'avenir sont destinés aux jeunes les moins qualifiés, au chômage, principalement dans le secteur non marchand, au service de territoires fragiles ; demain, ce sera le contrat de génération – dont les partenaires sociaux sont déjà saisis – pour l'ensemble des jeunes et la plupart de nos entreprises.
Le Gouvernement a pris la mesure de la crise, il prend aujourd'hui toutes ses responsabilités. L'Assemblée nationale s'honore, messieurs les ministres, d'être à vos côtés. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
Le 12/11/2012 à 17:16, L le libérateur a dit :
Lol ! Le "double effet kiss cool", voilà un député qui en plus d'être compétent, de défendre les mesures visant à sortir la jeunesse française de l'ornière dans laquelle elle se trouve, a de l'humour ! Dans la bataille marketing publicitaire, il semblerait que l'élu socialiste ait un coup d'avance sur les pépés de l'UMP (Canada dry, c'est un peu réchauffé comme "réclame"!). Moi, tout ça me donne envie de paraphraser un roi de la communication des années 80, Richard Gotainer, et ben alors M. Jacquat, "Il est où le youki, hein ?!"
Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui