Intervention de Antoine Herth

Séance en hémicycle du 1er octobre 2012 à 21h30
Tarification progressive de l'énergie — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAntoine Herth :

Dont acte. Ce n'est pas moi qui vous ferai le reproche de cette décision. Cependant, cette annonce soulève plus de questions qu'elle n'en règle. Bon nombre d'industries ont choisi de s'implanter en Alsace, justement parce qu'elles avaient l'assurance de disposer d'une énergie abondante. Quelle garantie auront-elles demain ? Alors qu'il faudra une ou plusieurs décennies pour que les énergies renouvelables montent en puissance, est-il raisonnable d'effacer 64 % de la production d'électricité alsacienne en se condamnant à importer de l'électricité des pays voisins produite souvent au nucléaire, ou pire au charbon ? Avez-vous envisagé une solution de remplacement ? On me parle d'une centrale thermique au gaz. Le seul projet en cours est prévu à Landivisiau – je l'ai vérifié – pour une puissance de 422 mégawatts, soit quatre fois moins que Fessenheim. Et de toute façon, les délais sont trop courts pour une mise en service dans quatre ans. Pour le projet que je cite, la CRE a publié l'appel d'offre le 27 juin 2011 pour une mise en service en octobre 2016, soit un délai de cinq ans et quatre mois.

La vérité, madame la ministre, c'est que vous êtes, me semble-t-il, en pleine improvisation. La vérité, c'est que vous n'êtes pas en mesure de garantir la sécurité de l'approvisionnement comme vous le demande le Président de la République, et encore moins les emplois. En fait, j'en suis à penser que cette proposition de loi en dit plus que vos silences. Sous couvert d'un discours faisant l'apologie des mégawatts, le but n'est-il pas de culpabiliser les consommateurs en maniant le bâton du malus pour les contraindre à baisser leur consommation ? Et que penser des volumes de base ? Ne vont-ils pas se transformer en volume minimal ou maximal, ou encore en quotas, pour mieux rationner la demande comme je l'avais déjà évoqué à l'occasion d'un amendement précédent ?

Lors de l'examen de mes amendements en commission, le président rapporteur a pris le parti d'en rire. C'est son droit, je le comprends. La centrale de Saint-Alban n'est pas prêt de s'éteindre ! Vu de ma fenêtre avec deux tiers de la production régionale qui disparaît dans cinquante mois, c'est moins drôle. Sous couvert de lutte contre la précarité énergétique, vos choix la généralisent et l'aggravent. Mes concitoyens ont le sentiment que vous les prenez pour des cobayes de vos marchandages avec les écologistes et que l'Alsace sera transformée en laboratoire de la décroissance.

Madame la ministre, il est temps de mettre cartes sur table et de dire clairement comment vous allez gérer cette question en Alsace.

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