Tout le monde est évidemment révulsé par ce qui se passe en Syrie, mais le carnage n'a pas commencé avec l'utilisation d'armes chimiques. L'indignation ne doit pas être sélective ; il est très bien d'avoir les yeux rivés sur la Syrie mais cela ne doit pas faire oublier qu'ailleurs dans le monde, en République démocratique du Congo par exemple, des femmes et des enfants sont également massacrés. Je souhaiterais aussi que l'on n'abuse pas de références historiques hasardeuses. Il est effarant d'entendre M. Harlem Désir et son épigone américain évoquer « les Munichois ». Les circonstances ne sont pas davantage celles de Srebrenica en 1995, ni celles qui ont conduit aux interventions en Afghanistan en 2001, en Irak en 2003, en Libye ou au Mali. La situation, extrêmement compliquée, est celle d'une guerre civile et interconfessionnelle et dans cette poudrière, les desseins poursuivis ne sont pas aussi simples que les schémas réducteurs et propagandistes que l'on nous assène.
Pourquoi le Gouvernement a-t-il changé de pied ? Il y a dix jours, l'exécutif était prêt à la guerre fraîche et joyeuse. Puis, après la décision prise par le Président Obama d'en référer au Congrès et le vote de la Chambre des communes britannique, on a noté une inflexion. Pourquoi ?
Autre question, qui devrait plutôt s'adresser au ministre de la défense, j'en conviens : pouvez-vous nous expliquer comment, si une opération militaire a finalement lieu, on peut procéder à des frappes « chirurgicales » quand il s'agit d'interdire l'utilisation d'armes chimiques ? Enfin, comment définit-on le concept de « punition » ? Quelle est la différence entre « punition » et « guerre » ? Nous n'avons aucune réponse à ces questions cruciales en termes de doctrine stratégique de l'emploi des forces.