Je suis d'accord avec M. Hervé Gaymard pour déplorer les indignations sélectives, au moment où les troupes de l'Organisation des Nations unies (ONU) qui se trouvent actuellement dans les Kivus, en République démocratique du Congo, sont incapables de mettre un terme aux exactions effroyables commises par les milices du M23.
En revanche, je suis en désaccord avec les raccourcis de mon collègue. La guerre civile en Syrie n'était pas, au départ, une guerre interconfessionnelle : il y a deux ans, c'était un soulèvement laïque et démocratique. Or, à l'époque, nous n'avons rien fait. La France fut le premier pays à reconnaître la Coalition, mais, sous la pression de la communauté internationale, si cette expression a encore un sens, elle n'a pas été en mesure de livrer des armes à la rébellion alors même que, nous le savons, le clan Assad est nourri en armes par l'Iran et la Russie notamment. Aujourd'hui, certains, y compris dans cette enceinte, nous expliquent que si nous intervenons militairement, nous permettrons, en évinçant Assad, aux djihadistes de prendre le pouvoir. C'est faux ! Si les djihadistes sont là, c'est en raison de notre inertie et de la lâcheté de la communauté internationale.
Ce que vous avez appelé la « dissuasion », monsieur le ministre, a eu des effets sur la diplomatie russe. Mais avez-vous obtenu, lors de votre dernier entretien avec M. Lavrov, le signe qu'au Conseil de sécurité la Russie ne s'opposerait pas au projet de résolution que vous avez déposé ? Et qu'en est-il de la Chine ?
Nous savons pertinemment qu'il n'y aura aucun démantèlement dans un an ni même dans trois : l'expérience de l'Irak nous a appris qu'il faut près de dix ans pour détruire un stock d'armes chimiques, et la Syrie est l'un des pays du Moyen-Orient qui en possèdent le plus. La France et l'Union européenne sont-elles en mesure d'exiger d'Assad et de la Russie une feuille de route prévoyant un contrôle international et préparant une conférence internationale qui ne doit surtout pas exclure l'Iran – tous les acteurs du conflit devant impérativement être présents si l'on veut éviter la partition du pays ?
La France est-elle prête, avec l'Union européenne et les États-unis, à envisager d'accorder l'aide réclamée par la branche respectable de la Coalition nationale syrienne, que nous avons reçue ici même, et à lui fournir des armes ?
Enfin, la position de la France à l'égard des réfugiés est indigne : alors que l'on recense deux millions de réfugiés et cinq millions de personnes déplacées, la France n'a accueilli jusqu'à présent que 750 réfugiés syriens. Lorsqu'on menace de punir, on doit aussi savoir faire preuve de générosité.