Quel message universel la France peut-elle porter dans ce conflit ? Nous assistons à un changement de doctrine radical de la part des autorités françaises. En décidant de s'exonérer du droit international et notamment des procédures de l'ONU, le Gouvernement a pris une position atlantiste très avancée, allant même au-delà de ce que font les Américains aujourd'hui. Je ne suis pas d'accord avec vous, monsieur le ministre, lorsque vous dites que la France n'est pas isolée : les opinions publiques américaine, française et européenne sont contre l'intervention. Certes, les pays de l'Union ont signé une déclaration mais rien n'y est dit de frappes contre la Syrie : c'est sur la condamnation de l'usage d'armes chimiques et du dictateur Assad que les États européens s'accordent.
Je pense la France très isolée au sein de la communauté internationale. Par ailleurs, je suis confondu par la position de la diplomatie française à l'égard de la Russie. Comment ne pas comprendre que cette puissance, humiliée par la chute de l'Union soviétique, souhaite revenir dans le jeu diplomatique, particulièrement au Moyen-Orient, et conserver une base militaire qui lui donne une ouverture sur la Méditerranée ? Nous n'avons pas bien compris l'évolution du monde depuis 1991, notamment le fait que la Russie, pays qui n'a pas de difficultés économiques, reste une superpuissance militaire disposant d'autant de têtes nucléaires que les États-Unis.
Au vu des derniers développements, il semble que l'on s'oriente maintenant plutôt vers une solution politique. Dans ce contexte, faites-vous du départ d'al-Assad et de sa traduction devant la Cour pénale internationale un préalable à l'engagement des négociations, ou considérez-vous que l'on peut-on vraiment réunir toutes les parties au conflit autour d'une table, lui et ses proches compris ?