Monsieur le ministre, nous aurions vraiment aimé vous entendre un peu plus tôt.
J'ai soutenu l'action du Gouvernement au Mali car elle s'inscrivait dans le cadre de l'article 51 de la Charte. Outre que j'ai eu le sentiment, en vous écoutant, de vous entendre citer Cocteau de manière subliminale – « Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d'en être l'organisateur…» –, cette crise pose une question de principe cruciale sur la relation de la France au droit international. « Punir » est-il devenu un concept d'action de la diplomatie française ? Des frappes sans l'aval de l'ONU et en dehors du cadre de l'article 51 ou du chapitre VII de la Charte, est-ce là la nouvelle position doctrinale française ? Au regard du droit international, c'est une agression, et un crime de guerre. Je comprends la nécessité de combattre ceux qui utilisent des gaz mais il n'en demeure pas moins que l'on est sorti de la conception suivie sans dévier jusqu'à ce jour pour en venir à une autre, qui n'est pas la nôtre. Par ailleurs, si frappes il y a, elles déstabiliseront évidemment le pays et la région. A-t-on véritablement mesuré leurs conséquences pour « l'après Assad » ? On sait par ailleurs qu'au Proche-Orient, de multiples États ont des armes chimiques, autre réalité tragique.