Intervention de Frédéric Bouvier

Réunion du 11 septembre 2013 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Frédéric Bouvier, directeur du Laboratoire central de surveillance de la qualité de l'air, LCSQA :

Le secteur agricole est un émetteur direct d'ammoniac et de particules. Mais ces émissions interagissent. Ainsi l'ammoniac est-il un précurseur de particules dites secondaires. Il faut tenir compte de tous les impacts indirects. Il est très important de connaître la composition chimique des particules, et donc de pouvoir mener des recherches, tant académiques qu'appliquées. Les enjeux de financement sont cruciaux pour les AASQA – je m'associe à tout ce qui a été dit à leur sujet – ou un programme comme Primequal, programme de recherche inter-organismes pour une meilleure qualité de l'air à l'échelle locale.

Pour mieux comprendre la pollution de l'air par les particules complexes, des modélisations sont indispensables. Un outil comme Prev'air permet de prévoir la qualité de l'atmosphère à l'échelle nationale, européenne et même mondiale. Il permet également d'évaluer les pollutions pouvant affecter notre pays en provenance de l'étranger. Les résultats qu'il donne ont été pris en compte dans le dimensionnement des plans d'action français. Hier encore, le seuil d'alerte de pollution aux particules était dépassé en Martinique, s'expliquant par le transport de poussières du Sahara jusqu'aux Antilles. On est en mesure de suivre ces nuages de particules et de les modéliser.

Pour ce qui est de la pollution de l'air par les pesticides, la France est en avance par rapport aux autres pays européens : une cinquantaine de polluants y sont réglementés, mais dans certaines régions, jusqu'à trois cents molécules peuvent être surveillées, ce qui permet de disposer de données plus complètes que ce qu'exige la réglementation. Il faut impérativement maintenir ce haut niveau de compétences.

La chambre de simulation atmosphérique à irradiation naturelle mise au point par l'Institut Icare, dans le cadre du programme Hélios, devrait permettre de mieux comprendre la pollution dans ce qu'on appelle le « champ proche », enjeu majeur de la recherche dans les années à venir. On mesure les émissions de polluants au pot d'échappement, par exemple, et on observe le devenir de ces substances à cinq mètres, dix mètres et au-delà, jusqu'à cent mètres du lieu d'émission.

L'information du public et des décideurs est essentielle. Au niveau régional, la population pourra s'informer auprès des AASQA, qui ont un portail internet et s'appuient sur de multiples outils pour leur communication. Au niveau national, le Laboratoire central de surveillance de la qualité de l'air a été chargé de créer un portail d'information et de réfléchir à un dispositif de vigilance atmosphérique lors des pics de pollution, analogue à celui mis en place par Météo–France lors d'événements météorologiques dangereux.

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