J'aborderai d'abord la question du handicap. La loi que vous avez votée défend une école inclusive, et nous nous réjouissons d'avoir stabilisé la situation des personnels qui s'occupent des enfants en situation de handicap. Ils étaient depuis des années en situation précaire : nous avons décidé de pérenniser leurs emplois et de « cédéiser » les contrats à durée déterminée (CDD) arrivant à terme. C'est un plus pour ces personnels mais également, bien sûr, pour les enfants qu'ils encadrent, qui bénéficieront des compétences acquises par leurs accompagnants au fil des années. À partir du référentiel de compétences décliné dans le rapport de Mme Pénélope Komitès, nous allons pouvoir bâtir des formations destinées aux enseignants comme aux personnels. Elles compléteront la formation dont bénéficient déjà les 8 000 contrats aidés supplémentaires, des assistants d'éducation (AED) et de tous les personnels en CDD qui souhaitent s'investir auprès des enfants en situation de handicap.
S'agissant du décrochage scolaire, vous avez – et c'est tant mieux – abrogé l'an dernier la « loi Ciotti ». Nous avons donc repris la réflexion sur l'absentéisme, premier pas vers le décrochage, et préparons une circulaire permettant une meilleure prise en compte de ses causes, une prise en charge plus précoce et une systématisation du soutien aux parents qui ont davantage besoin d'être épaulés que sanctionnés, comme c'était le cas auparavant. Nous entendons également développer les actions éducatives familiales pour lutter contre l'illettrisme des parents, dont on sait l'incidence sur les résultats des enfants.
Enfin, nous avons lancé une expérimentation visant à donner aux parents le dernier mot en matière d'orientation, une orientation subie étant un facteur non négligeable de décrochage. Cela ne peut naturellement se faire sans un accompagnement permettant aux jeunes et aux familles de choisir à bon escient, et nous avons été agréablement surpris de constater que de nombreuses académies s'étaient portées candidates pour cette expérimentation, ce qui prouve bien que les personnels de l'éducation nationale ont conscience du problème et qu'ils sont prêts à modifier leur manière de fonctionner dans l'intérêt des jeunes.
Nous préparons également une circulaire visant à mieux expliciter le concept de coéducation et à ouvrir l'école aux familles, notamment les plus modestes, si possible en amont des problèmes. Cette question a fait l'objet d'un comité interministériel et d'une concertation avec ATD-Quart Monde, et la loi prévoit d'instaurer dans les établissements scolaires des espaces réservés aux parents.
En marge de ces mesures très attendues par les familles, souvent demandeuses de coéducation, nous avons mis sur pied un conseil national de l'innovation pour la réussite éducative, associant personnels de l'éducation nationale, chercheurs, élus et associations, et destiné à travailler avec les délégués académiques. En effet, l'éducation nationale a beau être une maison très normée et très hiérarchisée, cela n'empêche pas, sur le terrain, une grande liberté et beaucoup d'innovations qu'il est essentiel de mieux appréhender pour les évaluer et, le cas échéant, s'en inspirer.
Lors de la journée nationale de la réussite éducative, le 15 mai dernier, élus et associations ont pu partager leurs expériences, ce qui s'avère particulièrement utile au moment où, dans le cadre de la réforme des rythmes, nous tentons d'harmoniser le temps scolaire, le temps périscolaire et le temps familial. Nous organiserons donc d'autres journées de ce type, en y intégrant notre réflexion sur l'éducation prioritaire. Très souvent en effet, c'est dans les quartiers difficiles, concernés par l'éducation prioritaire, que se développe la politique de la réussite éducative, et il est important d'associer à notre réflexion les enseignants et les acteurs de terrain.
En matière de rythmes scolaires, il nous appartiendra d'examiner les solutions mises en place par les 20 % d'écoles qui ont adopté la réforme, pour s'inspirer des réussites et améliorer ce qui doit l'être. Au cours du dernier trimestre de 2013, nous continuerons notre dialogue avec les élus pour les aider à résoudre les difficultés qu'ils rencontrent encore, de manière à poursuivre la réforme des rythmes à la rentrée prochaine.
Un dernier mot enfin sur la démocratisation de la vie lycéenne, qui ne fonctionne pas aussi bien qu'il le faudrait. Nous attendons les préconisations de Mme Anne-Lise Dufour-Tonini pour la relancer et rétablir le dialogue, au sein des établissements, avec les délégués à la vie lycéenne. Nous pensons en effet que faire progresser cette démocratisation est une manière de concrétiser le fait que la jeunesse est, comme nous l'avions annoncé, l'une de nos priorités.