Mon groupe s'inscrit en rupture avec ce qui vient d'être dit. Nous sommes loin de partager la satisfaction qui vient d'être exprimée. Quatre sujets suscitent plus particulièrement notre inquiétude.
Le premier concerne les rythmes scolaires. On constate une extrême diversité dans l'offre périscolaire, à la fois en termes de contenu, d'encadrement des élèves et de coût pour les familles et les collectivités. Familles, enseignants et élus s'interrogent, ces derniers faisant part de leur mécontentement. Dans ma circonscription, aucune commune n'a souhaité mettre en place le dispositif, car les communes rurales n'ont pas les moyens des grandes agglomérations, et le financement de l'État n'est pas du tout à la hauteur des enjeux. Alors qu'on nous parlait d'égalité entre les élèves, on ne fait qu'accroître les inégalités.
Quant au calendrier scolaire, c'est la première fois qu'on ignore, au-delà de l'année en cours, ce qu'il sera pour les trois prochaines années, situation inédite qui empêche notamment les professionnels du tourisme de s'organiser. Vous aviez pourtant promis au printemps, madame la ministre, de publier ce calendrier dans les meilleurs délais.
Notre second sujet d'inquiétude porte sur la lutte contre l'échec scolaire. Vous avez beau nous répéter que, grâce à la loi de refondation de l'école, les résultats scolaires de nos élèves vont s'améliorer, vous passez sous silence le fait qu'un nombre croissant d'enfants sont en grande difficulté scolaire et que, à dix ans, plus de 150 000 d'entre eux ne savent ni lire ni écrire correctement, situation dramatique qui contribue à les écarter définitivement de toute forme d'insertion professionnelle digne de ce nom.
Ni votre loi ni les moyens supplémentaires ne nous permettront de lutter contre ce fléau. Pour redresser la barre, il faut s'inspirer de ce qui s'est fait dans les pays qui sont parvenus dans un temps relativement court à améliorer de manière très significative leurs performances scolaires : c'est le cas de Singapour, de la Corée du Sud, de la Floride ou encore de certains pays d'Europe du Nord.
Il faut faire évoluer les pratiques pédagogiques, intégrer les découvertes récentes des sciences cognitives et diffuser les expérimentations qui fonctionnent. Il faut donner la priorité aux apprentissages fondamentaux le plus tôt possible, impulsion déjà amorcée grâce au socle de connaissances et de compétences de la « loi Fillon » de 2005.
Nous avons besoin d'une politique ambitieuse pour l'école primaire, car la France, longtemps citée en exemple dans le monde entier pour ses performances à ce niveau, est actuellement parmi les derniers élèves de la classe. Qu'allez-vous donc faire pour que les leviers du changement qui ont fonctionné ailleurs soient actionnés dans notre pays ? Quand renoncerez-vous à une approche strictement quantitative, insistant beaucoup sur les moyens mais passant largement sous silence le volet qualitatif ?
Mon inquiétude concerne en troisième lieu les programmes d'histoire-géographie de troisième et de terminale, dont les enseignants n'ont appris les modifications que le 2 septembre dernier : on peut, là encore, parler de bricolage et d'improvisation.
Un mot enfin sur la charte de la laïcité. On semble avoir oublié qu'en Alsace-Moselle s'applique encore une partie de la « loi Falloux » de 1850. Or les articles 6, 7, 10, 11 et 12 de la charte sont en totale contradiction avec le statut scolaire local. Votre méthode, qui a consisté à imposer la charte sans la moindre concertation avec les acteurs locaux, dénote une méconnaissance du terrain, alors qu'il s'agit d'un sujet extrêmement sensible pour les Alsaciens-Mosellans.