Évitons les faux débats : au fond, les critiques que vous émettez sont relativement douces – le président du MEDEF avait d'ailleurs fait une déclaration beaucoup plus positive sur le perron de Matignon.
On ne peut faire croire qu'il existe des solutions autres que l'augmentation à court terme des prélèvements obligatoires pour rééquilibrer les régimes de retraite. Disons les choses clairement : soit on diminue les pensions, soit on augmente les prélèvements sur les salariés, les employeurs ou les ménages ; mais le relèvement de l'âge de départ à la retraite et l'allongement de la durée de cotisation n'ont d'effets qu'à long terme, sous réserve que la croissance reprenne et que le chômage régresse – sinon, on transforme de jeunes retraités en vieux chômeurs.
D'autre part, il convient que les efforts soient partagés. Or ce qui me paraît important dans cette réforme, c'est précisément qu'on ne stigmatise personne : l'effort demandé sera le même pour les fonctionnaires et pour les salariés du privé, pour les retraités et pour les actifs. Il est essentiel que cette parité soit maintenue entre les salariés et les employeurs. Si je comprends que l'on débatte de la compensation de la hausse du coût du travail, il importe que, au bout du compte, l'ensemble des parties contribuent à l'effort collectif – y compris les employeurs. J'espère que les décisions prises dans le cadre des réformes du financement de la protection sociale et des allocations familiales le permettront, et que la partie patronale saura soutenir cet effort.