Intervention de Jean-François Pilliard

Réunion du 11 septembre 2013 à 17h30
Commission des affaires sociales

Jean-François Pilliard, vice-président du Mouvement des entreprises de France, MEDEF :

Je propose de regrouper vos nombreuses questions et observations en quelques grandes thématiques.

En premier lieu, il importe de clarifier la question de la compétitivité : quoiqu'elle dépasse le débat sur les retraites, elle explique en grande partie les positions de chacun.

Je le répète : depuis la Seconde Guerre mondiale, jamais les marges des entreprises françaises n'ont été aussi faibles. D'autre part, je pense que nous nous accorderons sur le fait que nous avons pour préoccupation commune de permettre à notre pays de se développer et de réduire le niveau actuel du chômage : c'est une question d'intérêt général. Or, avec des marges à ce niveau, les conditions d'une reprise durable ne sont pas réunies. Ce dont on nous parle aujourd'hui, ce ne sont que feux de paille ; si nous ne faisons rien, la France continuera à sombrer, lentement mais inexorablement, dans le déclin.

La principale explication de la baisse substantielle des marges des entreprises françaises réside, non pas dans l'action menée durant ces derniers mois, mais dans le fait que, depuis trente ans, chaque fois que l'on doit faire face à un problème sérieux, on cherche à l'éviter et on ne propose que des solutions provisoires.

Certains d'entre vous ont évoqué les exonérations de charges et le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), mais pourquoi ces dispositifs ont-ils été inventés ? Précisément parce qu'à un aucun moment vous n'avez voulu – ou nous n'avons voulu – regarder la réalité en face et traiter le problème de fond, qui est de rendre le travail compétitif. Tant que nous n'aurons pas la volonté d'apporter une réponse à cette question, nous ne ferons que poser des pansements sur une plaie qui ne cesse de s'agrandir. Au-delà de nos divergences de sensibilité, nous devrions pouvoir nous accorder sur ce point.

Le CICE n'est pas un cadeau qui a été fait aux entreprises, mais une disposition que vous avez prise parce que, à un moment donné, vous avez considéré que la situation dans laquelle nous étions placés était intenable et nuisible à la croissance et à l'emploi. Si nous avons applaudi à sa mise en oeuvre, nous estimons que l'on est encore loin du compte et qu'il faut continuer à travailler ensemble, selon des objectifs et des calendriers à définir ensemble. Je rappelle que si, dans nos comptes d'exploitation, il y a d'un côté le CICE, de l'autre, nous avons subi 30 milliards de prélèvements obligatoires supplémentaires durant les cinq dernières années !

Quant aux obligations de transparence, je rappelle que le dispositif prévoit que le chef d'entreprise doit rendre compte chaque année aux instances représentatives du personnel de l'utilisation du CICE – ce qui nous semble parfaitement légitime.

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