Intervention de François-Michel Lambert

Réunion du 3 octobre 2012 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois-Michel Lambert :

S'agissant de l'énergie carburant, qui est le premier poste déficitaire de notre balance commerciale, il me semble que certaines analyses ne prennent pas suffisamment en compte le facteur que constitue l'appropriation des terres. Son impact environnemental n'est pas négligeable : ce phénomène est reconnu par l'ADEME pour les carburants de première génération, et c'est sans doute pour cette raison qu'on les abandonne partout dans le monde.

Je tiens à saluer M. Cyril Le Picard, président de France biomasse, avec lequel j'échange notamment dans le cadre de la mission d'information sur la biomasse au service du développement durable que notre commission m'a fait l'honneur de me confier. Notre collègue Sophie Rohfritsch en fait également partie, et nous entendrons cet après-midi même M. Le Picard en audition sur les enjeux de la biomasse.

Mon intervention portera sur le modèle de société qu'impliquerait un important développement des énergies renouvelables. La France énergétique est structurée autour d'une vingtaine de points de production nucléaire totalement incompatibles avec un modèle fondé sur des énergies renouvelables, inséré dans le territoire et adapté aux réalités socioéconomiques, ainsi qu'aux particularités géographiques et climatiques locales.

À cet égard, j'aimerais faire part des recommandations contenues dans le rapport des conseils généraux de l'environnement et du développement durable (CGEDD) et de l'économie, de l'industrie, de l'énergie et des technologies (CGEIET), remis aux ministres chargés de l'Écologie et du Redressement productif, et intitulé Éolien et photovoltaïque, enjeux énergétiques, industriels et sociétaux. Elles semblent marquées par une certaine schizophrénie. En effet, la première recommandation propose de « veiller, dans toute réflexion prospective sur le mix énergétique 2025 durable, à préserver une part conséquente de production d'électricité à bas coût ». Cela sous-entend donc de laisser toute sa place au nucléaire subventionné. Or cette préconisation entre en contradiction avec d'autres que je soutiens totalement : l'une qui suggère de « rapprocher la décision du citoyen en renforçant le rôle des collectivités locales, afin de permettre une meilleure appropriation locale, de susciter un intérêt financier pour l'accueil des éoliennes, et de faciliter la constitution de structures de financement participatif citoyen local, notamment de SEM, qui associent collectivités locales et privé dans le montage de projets »; l'autre qui invite à « étudier de nouveaux modes de rémunération de l'électricité éolienne et photovoltaïque qui encouragent l'autoconsommation, la gestion de l'intermittence, la prise en compte par le producteur des risques de marché. »

D'où ma question : comment concilier, d'une part, une idéologie d'énergie électrique à bas coût, et, d'autre part, une vision bien plus large sur la valeur ajoutée d'une chaîne de production qui va de la source à la consommation en intégrant les externalités, comme l'entretien de la forêt, la robustesse du réseau, l'intégration locale, la création d'emplois locaux et le développement d'une filière industrielle pour l'exportation ?

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