La mise en place des ZDE avait pour objectif de favoriser les échanges locaux. Dans certains départements, comme celui de la Somme, les ZDE sont exemplaires. Mais dans la majorité des cas, elles sont attaquées. Or, même avec un permis de construire permettant d'installer un parc, ce n'est pas possible si la ZDE est attaquée.
Cela étant, les SRCAE définissent, comme les ZDE, des zones propices au développement de l'éolien et sont établis avec les régions – et donc, je l'imagine, avec les collectivités locales. Ils constituent sans doute la solution permettant d'assurer un développement harmonieux de l'éolien.
Il est entendu que l'on ne pourra pas réussir dans l'éolien sans prêter attention aux attentes des citoyens. L'ensemble de la profession travaille à faire en sorte que les projets soient réalisés en concertation avec les populations. D'ailleurs, tous les projets qui réussissent ont obtenu l'accord et le soutien des communes et des intercommunalités. Je voudrais que l'on cesse de dire que l'éolien n'est pas accepté en France : plusieurs sondages démontrent que les populations sont au contraire très favorables à son déploiement.
S'agissant du raccordement des installations, les retards s'accumulent. ERDF a beaucoup de mal à suivre le rythme, ou refuse de le suivre. Je remarque d'ailleurs que le décret sur le raccordement impose à la filière éolienne les surcoûts qui sont liés au raccordement. C'est tout à fait inéquitable puisque, à ma connaissance, il n'y a pas eu de transfert équivalent sur d'autres sources énergétiques.
Aujourd'hui, nous représentons à peu près 3 % de l'électricité produite, avec environ 7 gigawatts installés, très en deçà de ce qui se passe en Allemagne (29 gigawatts et 9 % de l'électricité) ou en Espagne (21 gigawatts). L'hiver dernier, à un moment où le vent soufflait fort, l'électricité éolienne a atteint 62 % de la production espagnole d'électricité, et les réseaux ne se sont pas effondrés. On peut donc monter en puissance. Bien évidemment, l'intégration au réseau nécessite des adaptations. Un des enjeux du débat sur la transition écologique consiste à considérer qu'il faut sortir d'un modèle centralisé – avec un squelette massif desservant les centrales nucléaires – pour aller vers un modèle décentralisé.
Pour ce qui est de l'éolien en mer, nous prenons du retard. Deux appels d'offres – deux tranches de 3 gigawatts – devaient être lancés en 2011 et début 2012. En définitive, il n'y a eu qu'un seul appel d'offres et 2 gigawatts attribués. Dans ces circonstances, je ne vois pas comment, en 2020, nous pourrions être au rendez-vous avec 6 gigawatts installés. C'est dommageable car, au-delà de l'enjeu français, il y a un enjeu international. Les Anglais ont un projet de 32 gigawatts, le Round 3, qui constitue la troisième étape de leur stratégie éolienne maritime. Je ne sais pas s'ils seront capables mener à bien leurs ambitions mais, bien évidemment, les opérateurs et les industriels sont en train de s'y préparer. La France, qui possède des compétences, qui est dotée de sociétés capables de relever ce défi, est de nouveau en retard. Est-ce pertinent à une époque où des pans entiers de notre économie s'effondrent, alors que l'éolien, qui a un énorme potentiel, est prêt à décoller ?
Reste la question du coût, plus onéreux en mer, mais appelé à baisser comme M. de Roeck l'a souligné. Les Anglais, dans leur stratégie à vingt ans, estiment cette baisse de l'ordre de 20 %. Tous les industriels travaillent aujourd'hui à faire en sorte que ces sources énergétiques soient les plus proches possible de la parité réseau.
S'agissant des départements ultramarins, nous avons la chance d'avoir une PME installée dans la région Centre, la société Vergnet, qui est le seul fabricant de machines qui résistent aux conditions cycloniques. Mais cette entreprise a énormément souffert des changements incessants de réglementation, et elle se trouve aujourd'hui dans une situation particulièrement difficile.
Je dirai, en conclusion, qu'un des enjeux fondamentaux du grand débat sur la transition énergétique sera de finir par accepter qu'on ne peut plus vivre dans le paradigme d'une croissance forte avec une énergie à bas coût. Il faut que notre pays se prépare au futur.