Intervention de Guy Geoffroy

Réunion du 17 septembre 2013 à 16h00
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuy Geoffroy :

Le travail de Mme Maud Olivier est excellent à la fois parce qu'il constitue un approfondissement de la réflexion qui a été menée, sous la précédente législature, dans le cadre de la mission d'information sur la prostitution en France, dont j'ai été le rapporteur, et aussi parce qu'il constitue en lui-même un apport qui s'inscrit dans la parfaite continuité de ce qui a été fait.

Sous la précédente législature, un consensus positif, et pas seulement a minima, avait animé nos travaux. Je constate avec satisfaction et sans surprise que cette même dynamique continue, sous la présente législature, à caractériser notre réflexion. Je me réjouis de ce que ce rapport comporte des compléments et des éléments d'actualisation que j'approuve et qui permettent de préciser certaines des propositions qui avaient été formulées dans mon rapport de 2011. Le groupe UMP, que je représente ici avec ma collègue Marie-Jo Zimmermann, continuera à aller dans la même direction.

Je tiens cependant à vous alerter sur le risque auquel nous faisons face de voir les médias rendre la présentation du travail de Mme Maud Olivier biaisée, parce que raccourcie. La seule question qui va nous être posée, c'est : « Alors, vous voulez punir le client ? ». Oui, mais la pénalisation de la prostitution n'est pas une fin en soi et ce n'est pas la seule conclusion du travail mené par Mme Maud Olivier. Ce travail d'ensemble prend à bras-le-corps l'ensemble des problématiques liées à la prostitution, en l'envisageant sous tous les angles, pour tenter d'apporter des réponses dans la durée, à travers toutes les politiques publiques possibles, et pour tenter de susciter des modifications dans l'état d'esprit de nos concitoyens, en particulier du sexe masculin.

Je suis sensible au fait que les propositions de Mme Maud Olivier sur la responsabilisation des clients soient graduées, proposant d'abord une contravention avec éventuellement une peine complémentaire pouvant consister en un stage de responsabilisation, puis un délit en cas de récidive du client.

Toutefois, je tiens à souligner qu'il n'y a aucun sens à ce que la pénalisation du client soit envisagée sans l'ensemble des autres recommandations de ce rapport. Je ne voudrais pas qu'une certaine presse et tous ceux qui, à ses côtés, ont un intérêt objectif à le faire, regardent le travail de Mme Maud Olivier par le petit bout de la lorgnette. Ce serait inconvenant et injuste au regard de l'ampleur du travail effectué, et cela ne permettrait pas d'avancer sur la voie de l'abolition de la prostitution.

Les « modernes » sont du côté de l'abolition de la prostitution. Ils ne sont pas du côté de ceux qui pensent que la modernité est celle d'une liberté sublimée permettant à toute personne de jouir de son corps comme elle l'entend, y compris en vendant des services liés à son corps. La prostitution est un drame qui touche des êtres humains dont 90 % font l'objet d'une véritable traite et de violences. Il faut lutter avec toujours plus de vigueur contre ceux qui sont à la tête de ces réseaux de traite des êtres humains et contre tous ceux qui font, d'une manière ou d'une autre, oeuvre de proxénétisme. Il faut également avancer dans le sens de la responsabilisation de tous les acteurs de la société, et aussi protéger et accompagner les prostituées.

Je vote en faveur de l'adoption de ce rapport avec toute ma conviction, et je salue une nouvelle fois son excellente qualité.

Plus tard, dans le cadre de la commission spéciale qui va se constituer pour examiner une proposition de loi sur la prostitution, nous avons une belle oeuvre à accomplir. Nous devons affirmer que la modernité et la liberté sont du côté de ceux qui prônent l'abolition de la prostitution. La modernité n'est pas du côté de ceux qui veulent faire croire que la prostitution serait une liberté qu'il faudrait défendre. Je n'ai jamais entendu de prostitué qui soit heureux, car la prostitution constitue, en soi, une violation absolue des fondamentaux de la dignité humaine.

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