Intervention de Maud Olivier

Réunion du 17 septembre 2013 à 16h00
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMaud Olivier :

Nous espérons que le budget 2014 prévoira une progression de ces crédits pour mener à bien des actions efficaces contre la prostitution. Comme vous le verrez, le rapport comporte 25 recommandations consacrées à l'accompagnement social, sous différents aspects, des personnes qui veulent sortir de la prostitution. La sous-commission que je propose de réunir régulièrement au niveau du département serait le lieu du suivi des cas particuliers de ces personnes accompagnées vers la sortie de la prostitution.

Mais ce travail d'accompagnement suppose aussi de tarir la demande ou de la réduire : évoquer la responsabilisation, faire ce travail de pédagogie, doivent aider à une prise de conscience. Même si la prostitution ne s'arrêtera pas, il faut poser un interdit et donc créer une sanction.

Je m'oppose totalement à cette allégation du risque de développement d'une prostitution cachée et plus précarisée si la pénalisation du client est instituée. Ce n'est constaté dans aucun des pays, Suède, Norvège, Islande, qui ont instauré la pénalisation du client.

Je suis allée en Suède pour interroger les autorités et les associations à ce sujet. Les rapports d'évaluation successifs indiquent clairement qu'aucune augmentation de la prostitution clandestine n'est constatée. La loi est en application depuis quatorze ans dans ce pays, ce qui donne aux constats un recul suffisant.

Au contraire, le fait que ce ne soit plus la personne prostituée qui soit pénalisée mais le client donne à la personne prostituée plus de force pour porter plainte en cas d'agression ou de violences, pour refuser plus facilement au client des pratiques qu'elle ne souhaite pas ou l'absence de préservatif par exemple. La prostitution est toujours cachée dans une certaine mesure. Aucune violence n'est rapportée en Suède.

Les associations pourront accéder de la même façon aux personnes prostituées. La pratique suédoise est intéressante. Lorsque la police intervient pour interpeller le client, elle se fait accompagner par un travailleur social, qui prend contact à cette occasion avec la personne prostituée pour lui proposer une aide sociale ou sanitaire. Il faut souligner que le travailleur social propose de même une aide, à caractère psychologique, au client.

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