Intervention de Monique Iborra

Réunion du 17 septembre 2013 à 21h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMonique Iborra :

Merci, monsieur le président. Si le dispositif des emplois d'avenir a pris du retard dans sa mise en oeuvre, c'est en raison précisément de son caractère exigeant, notamment en ce qu'il s'adresse aux jeunes sans qualification, issus pour beaucoup des zones urbaines sensibles.

Cela étant dit, l'exemple des emplois d'avenir souligne la nécessité de réformer aujourd'hui le service public de l'emploi, s'agissant par exemple de l'intervention des missions locales.

Il nous appartient de nous montrer vigilants en ce qui concerne le secteur marchand qui, une fois l'assouplissement intervenu, a pu recruter de manière assez importante. L'effet d'aubaine a pu être d'autant plus net que plusieurs régions contribuent à la prise en charge de ces emplois, de sorte que certaines entreprises n'ont eu presque rien à débourser pour en bénéficier. Il existe de ce point de vue un vrai risque d'entrée en concurrence avec d'autres dispositifs tels que celui de l'alternance.

Ce qui frappe ensuite, c'est que, contrairement à ce qu'on aurait pu attendre, le secteur rural est en pointe et que les territoires urbains se révèlent à la traîne. L'une des explications de ce phénomène tient sans doute au fait que, dans les territoires ruraux, dépourvus de zones urbaines sensibles, les employeurs potentiels connaissent les jeunes susceptibles d'être recrutés et opèrent un choix parmi eux. À l'inverse, dans les grandes agglomérations, on vit souvent plus sur des représentations et, à l'évidence, certains jeunes des quartiers ne sont pas toujours les bienvenus, que ce soit dans les collectivités territoriales, toutes étiquettes politiques confondues, ou, dans une moindre mesure, dans le secteur privé.

Dans cet esprit, je soutiens les propositions formulées par ce rapport, y compris celle portant sur l'intervention des écoles de la deuxième chance dont je rappelle que la plupart se situent dans les zones urbaines sensibles. Plus il y aura de prescripteurs compétents pour faire connaître les jeunes susceptibles de bénéficier des emplois d'avenir et mieux ce sera. Il n'y a pas lieu de craindre, comme le font certains, une concurrence avec les missions locales. Nous sommes ici pour défendre l'intérêt général et l'efficacité du système dans son ensemble, et non pas une structure par rapport à d'autres. Il est donc impératif d'essayer la prescription par les écoles de la deuxième chance et d'en évaluer les résultats, sachant que ces écoles connaissent au moins aussi bien les jeunes concernés que les missions locales. Enfin, je m'inscris en faux lorsqu'il est dit que les écoles de la deuxième chance se rattachent au secteur de la formation. En réalité, elles proposent de l'alternance et surtout un suivi individuel, contrairement aux missions locales qui n'en ont pas les moyens.

Il reste que le dispositif des emplois d'avenir est bon, quoique très exigeant. Votre rapport, monsieur le président-rapporteur, fruit d'un travail important, est de nature à permettre son maintien et son succès. Je conclurai en soulignant que, s'il importe d'atteindre les objectifs fixés en termes quantitatifs, il est encore plus nécessaire de veiller à la qualité des emplois ainsi créés.

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