Je remercie vivement Mme Martine Martinel pour le rapport qu'elle a produit durant l'été, tout en regrettant que ne l'ayons reçu qu'hier soir à 21 heures, ce qui nous laissait peu de temps pour l'étudier.
Nous sommes très satisfaits qu'un accord ait pu être trouvé entre l'État et France Télévisions. Il était temps et les objectifs assignés à l'audiovisuel public vont dans le bon sens, bien que très vagues et très généraux.
Au risque de me répéter, je tiens à souligner que le rapport avec la publicité est très délicat. Il est de fait que France Télévisions a moins de recettes publicitaires, mais quelles sont les solutions ? Au Royaume-Uni, où la redevance s'élève à 180 euros par foyer et où les Britanniques contribuent à hauteur de 96 % au financement de leur audiovisuel, la BBC diffuse, sans recourir à la publicité, des programmes de grande qualité. En France, les annonceurs dépensent 4,3 milliards d'euros pour la publicité à la télévision, mais ce sont les consommateurs qui paient, car 5 % à 25 % du prix d'achat des biens servent à financer la publicité. Il s'agit donc là d'un impôt caché et ce n'est pas ainsi que nous concevons le financement du service public de l'audiovisuel. Une redevance de 180 euros représenterait certes 50 euros de plus que son montant actuel mais, dans notre pays, un couple avec deux enfants dépense 2 000 euros par an pour la publicité dans ses actes d'achat. Les Britanniques ont fait depuis longtemps un choix politique différent.
Entre les publicités, il reste du temps pour ouvrir l'esprit de nos concitoyens. J'ai cependant un doute quant à la volonté de France Télévisions de laisser une place à toutes les expressions et à tous les points de vue. Notre rapporteure a très bien souligné la très faible diversité des « experts » sur les chaînes du service public. Du reste, les experts « orthodoxes » qui occupaient la plupart des écrans de télévision n'ont nullement vu arriver la crise. Une étude réalisée par l'association Acrimed en 2011 sur la présence des économistes à l'antenne de France Télévisions a dénombré, par exemple, 14 passages pour M. Jacques Attali, 8 pour M. Alain Minc, 18 pour M. Daniel Cohen et 43 pour M. Élie Cohen, tandis que M. Jacques Sapir, économiste hétérodoxe qui assume une position protectionniste, voire souverainiste de gauche, ne compte que trois passages et M. Frédéric Lordon un seul. Je n'ai malheureusement pas pu citer de femmes dans cette liste, comme l'a également observé la rapporteure. Un énorme travail reste à faire et il nous faut éveiller la curiosité, éduquer et assurer une diversité culturelle, ainsi qu'une diversité des points de vue et des analyses des situations économiques et politiques. On n'a malheureusement guère observé d'évolution en la matière sur France Télévisions entre 2011 et 2013.