À mon tour, je loue le travail remarquable accompli par Mme Martine Martinel dans des conditions exécrables.
Monsieur Rogemont, à la différence de l'avis bienveillant des socialistes sur l'avenant au COM, celui des radicaux est beaucoup plus négatif, car cet avenant nous semble en total décalage avec la réalité de l'audiovisuel à une époque où, notamment, les nouvelles chaînes de la TNT ont bouleversé l'offre de programmes. Le texte évoque un programme politique contenant – comme celui de l'UMP – un grand nombre de promesses ambitieuses démenties par la réalité. J'en prendrai trois exemples.
Tout d'abord, quelles sont les « identités fortes » dont il est question pour les chaînes ? Alors que nous avons tous exprimé le souhait que France 3 assume de plus en plus une vocation régionale, l'avenant prévoit d'investir dans une grande tranche d'information, avec un grand Soir 3 dont la rédaction se situera évidemment à Paris, tandis que les responsables régionaux de France 3 se plaignent d'avoir de moins en moins de moyens et d'autonomie pour couvrir des événements locaux. J'ai déjà eu l'occasion d'exprimer cette préoccupation à M. Rémy Pflimlin, mais l'avenant au COM ne change rien et France 3, la « chaîne des régions », n'a toujours pas d'identité.
Quant à France 4, c'est une gabegie – l'équivalent du Mouv' pour France Inter –, avec un nombre très faible de téléspectateurs. Cette chaîne n'a aucune identité : il est inutile d'imiter Gulli, puisque Gulli existe déjà et, si la tranche d'âge visée va jusqu'à 30 ans, ce n'est plus l'âge où l'on regarde les Schtroumpfs.
France Ô est présentée comme la « chaîne du métissage », mais qu'est-ce que cela signifie ? France 3 ne pourrait-elle pas aussi bien jour le rôle de chaîne des ultramarins ? Il y a en effet peu de liens, comme l'observait M. Marcel Rogemont, entre la Guyane, la Réunion, la Martinique et Saint-Pierre-et-Miquelon, de telle sorte que France Ô non plus n'a pas d'identité.
Alors que la demande évolue aujourd'hui vers des chaînes thématiques, le COM nous semble aller à contresens en conservant aux chaînes un caractère généraliste. Le point 1.5.2, sur le développement des chaînes thématiques dans lequel France Télévisions a des participations, est à cet égard positif.
Le point 2.2.2.1, qui prévoit d'accorder davantage de place à la musique, consacre une page entière à expliquer que « l'exposition des nouvelles productions d'expression française, notamment de celles qui portent sur des jeunes talents, constitue un enjeu majeur pour le renouvellement de la création et la défense de la diversité culturelle », mais, dans le même temps, on supprime Taratata et Chabada, lieux d'expression de la diversité culturelle où de jeunes talents pouvaient être invités : c'est faire le contraire des orientations affichées.
Le point 2.4.1 prévoit de « préserver l'accès en clair aux événements sportifs », mais on sait bien que, lorsque les moyens sont réduits et que l'offre des chaînes privées augmente, l'offre sportive va disparaître de l'audiovisuel public.
Cet avenant au COM nous paraît donc négatif, même si nous restons bienveillants.