Permettez-moi de dire un mot du déplacement que le président Urvoas, René Dosière et moi-même venons d'effectuer en Nouvelle-Calédonie. Je fréquente depuis longtemps ce territoire ; j'ai été rapporteur du projet de loi instituant les statuts d'« après événements » ; j'ai été chargé d'une mission de suivi de l'accord de Nouméa avec René Dosière sous la législature 1997-2002. Nous avions été d'ailleurs témoins de la signature de cet accord, qui fut un moment important.
Le projet de loi organique qui nous est soumis est un texte technique et consensuel, qui n'appelle pas d'observations particulières. Je dois cependant dire que, à titre personnel, je ne souhaite pas que le référendum ait lieu. Si les forces politiques calédoniennes trouvaient un accord qui permette d'y échapper, il y aurait là un symbole important pour la démocratie et pour la République. Quant à la nature du statut, il appartiendra aux Calédoniens de la fixer. Personnellement, je n'ai pas ressenti une quelconque volonté d'abandon de la France.
J'ajoute que notre pays est aujourd'hui aimé dans le Pacifique, ce qui n'était pas le cas au moment des événements, où les pays du Pacifique militaient contre la présence française. La donne a changé : l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les petits États du Pacifique se réjouissent aujourd'hui de notre présence dans cette zone compliquée, où la présence chinoise et les risques de toute nature peuvent poser problème.
Deux sujets m'inquiètent néanmoins. Je pense d'abord à la division des forces politiques calédoniennes, qu'il leur faudra surmonter. Après tout, le Rassemblement pour la Calédonie dans la République (RPCR) a bien fait l'UMP avant la lettre ! Je pense aussi à la situation économique, et plus particulièrement au nickel. Comme le rappelait hier un article des Échos, ces deux belles usines ont coûté beaucoup plus cher que prévu. Or le marché du nickel a évolué depuis que les projets ont été lancés ; la Chine est maintenant capable de produire beaucoup moins cher, y compris pour son marché intérieur. Il y aura donc une réflexion à conduire sur l'économie de la Nouvelle-Calédonie : l'apaisement politique dépend aussi de la santé économique.