Intervention de Gérard Amiel

Réunion du 17 septembre 2013 à 18h45
Commission de la défense nationale et des forces armées

Gérard Amiel, président de Renault Trucks Defense :

La réduction de 50 % du nombre de véhicules terrestres a en effet un impact majeur sur notre activité, impact que les exportations ne suffiront pas à compenser. La perte de chiffre d'affaires, donc de richesse nationale, est inévitable.

Notre gamme est particulièrement large : elle va de véhicules de trois tonnes et demi à quarante-deux tonnes. Un tel éventail est quasiment unique dans le paysage industriel et il ne lui manque que les produits de Nexter pour être complet. Dans cette gamme, le secteur des véhicules destinés aux forces de sécurité urbaines connaît une croissance forte partout dans le monde, et Renault Trucks Defense est en avance sur ses concurrents, y compris américains. Nous produisons aussi des solutions de protection blindée pour les véhicules militaires.

Pour ce qui est de Scorpion, c'est un programme de toute première importance : s'il n'existait pas, nous n'aurions plus rien. Le problème, c'est l'étalement de ce programme dans le temps et la réduction des volumes de commandes, qui crée une sorte de trou d'air dans notre activité entre la fin de la livraison des VBCI en 2014 et le début de celle des VBMR, officiellement à partir de 2018.

Plus largement, la baisse de 20 % de notre chiffre d'affaires que j'évoquais résulte non seulement des modifications affectant les grands programmes d'armement, mais aussi de la réduction du marché de la maintenance des véhicules. Les crédits consacrés à la maintenance sont en effet sous forte pression, y compris pour les matériels qui ont été rapatriés d'Afghanistan. Ainsi, 850 véhicules de l'avant blindés (VAB) sont en attente de réparation sur les parkings de l'armée de terre…

S'agissant de nos relations avec Nexter, l'accord signé en novembre 2011 en vue de présenter une offre commune pour le VBMR avait été conclu pour une durée qui nous semblait, à l'époque, largement suffisante car les appels d'offres devaient être imminents. Il en a été autrement. Mais en tout état de cause, notre partenariat avec Nexter a vocation à durer. Par ailleurs, les modifications du programme VBMR supposent un recalibrage des rôles entre Nexter et nous, ainsi qu'avec d'autres industriels.

Le président du CIDEF juge que les délais prévus pour le programme VBMR sont courts, avec un appel d'offre lancé en 2014 pour des livraisons à compter de 2018. Pour lui, la conduite d'un tel programme demanderait plutôt huit à dix ans, comme cela a été le cas pour le VBCI. En effet, il est difficile d'imaginer une mise en production industrielle – pas seulement des prototypes – avant 2020, ce qui ne fait qu'aggraver le « trou d'air » dans notre plan de charges : il y aura plusieurs années de traversée du désert. Pour y faire face, il nous faut développer de nouveaux produits destinés à l'export, adaptés à chaque fois aux contextes locaux.

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