Cette réforme permettra de garantir la pérennité de notre système de retraites par répartition, en le rendant plus juste et en reconnaissant à certaines catégories de travailleurs des droits qui leur étaient refusés jusqu'alors. La gauche va ainsi assurer la prise en compte de la pénibilité du travail, non seulement par des mesures de prévention, mais aussi par des mesures de réparation. Il s'agit de remédier à une très grave inégalité sociale en accordant des avantages spéciaux aux salariés qui ont été exposés à des conditions de travail pénibles, qui réduisent l'espérance de vie. La droite a beaucoup parlé de cette question de la pénibilité au travail depuis l'examen de la « loi Fillon » en 2003. Les négociations interprofessionnelles lancées dans ce cadre se sont éternisées du fait essentiellement de la mauvaise volonté des organisations patronales. Elles ont cependant abouti en 2008 à une définition de la pénibilité par les partenaires sociaux.
En dépit de ces avancées, la réforme de 2010 n'a pas traité la question de la pénibilité, mais celle de l'invalidité, et les conditions prévues pour avoir accès au dispositif prévu par la loi sont si restrictives que seuls 6 500 salariés environ ont pu en bénéficier. Ce qui nous est proposé ici, c'est un changement complet de perspective. En effet, le dispositif devrait bénéficier à 18 à 20 % des salariés du privé, soit 100 000 salariés par an, voire 300 000 quand il sera monté en puissance.
En votant ce dispositif, nous réparerons une grave injustice sociale. Je rappelle que le différentiel d'espérance de vie entre un cadre et un ouvrier est aujourd'hui de 6,8 années, et de 9 années s'agissant de l'espérance de vie en bonne santé. Aujourd'hui, les ouvriers sont six à sept fois plus exposés que les cadres à au moins une contrainte physique intense, et jusqu'à dix fois plus exposés au risque chimique. Voilà pourquoi cette réforme constituera une grande avancée sociale.