Intervention de Bernard Botiveau

Réunion du 17 septembre 2013 à 18h00
Commission des affaires étrangères

Bernard Botiveau :

Je ne suis pas parfaitement d'accord avec mon collègue. Sur la société palestinienne, je tiens à souligner la grande différence entre les jeunes Israéliens et les jeunes Palestiniens de 20 ans : les premiers sont libres de sortir, les autres pas. Il n'y a pas de symétrie de situation et il existe des rapports de domination. En ce qui concerne la société civile de Gaza, elle est active. Il y a certes des travailleurs sociaux du Hamas mais aussi d'organisations internationales. Quant aux jeunes, qui ne peuvent sortir, ils vont sur les réseaux sociaux et reproduisent, à leur petite échelle, les pratiques culturelles internationales, par exemple musicales. Gaza n'est pas la Corée du Nord ! Une activité économique même réduite, n'y est d'autre part possible que grâce aux tunnels clandestins qui la relient à l'Égypte même si cette dernière en aurait détruit 20 % depuis le coup d'État de l'été 2013.

Par ailleurs, il faut se méfier des « épouvantails » qu'on a en face de soi. Le président Obama se félicitait par exemple que les Frères musulmans égyptiens, avec Morsi, aient adopté une ligne garantissant la stabilité d'Israël. En Syrie, les Frères musulmans sont également bien vus depuis les soulèvements arabes car ils font partie de l'opposition historique au régime dirigé aujourd'hui par Bashar el-Assad ; tandis que le Hamas – qui est lui-même issu des Frères musulmans– est du mauvais côté. Les épouvantails qu'on a en face de soi ne sont peut-être pas les « vrais » épouvantails. Il est dommage qu'on ne prête pas plus attention à l'institutionnalisation des Frères musulmans, lesquels se sont fait une place dans l'espace public dans plus d'un pays de la région, par exemple en Jordanie.

L'idée à retenir est qu'ils sont de plus en plus incontournables dès lors qu'ils sont rentrés dans un jeu politique ouvert.

Les jeunes Palestiniens sont, en tout cas, sensibles à ces questions. Leur isolement est parfois perceptible lorsqu'on évoque certains sujets, comme la Syrie. S'agissant des soulèvements arabes, ils ont peu inspiré les jeunes Palestiniens qui, dès 2011 et 2012, ont su que ce mouvement n'arriverait jamais chez eux.

La question de l'Union européenne est importante. Elle n'a pas été très active en tant qu'institution mais les rapports des consuls européens ont été très importants pour faire connaître les difficultés de circulation, en Cisjordanie, par exemple.

Le dernier point que je voulais évoquer concerne la question posée sur la démographie. Il est difficile d'imaginer une situation où les gens pourront changer leurs modes de mobilité. Les relations professionnelles entre universités par exemple, ou encore les inter-mariages, par exemple, montrent les limites imposées à toute mobilité entre Israël, la Cisjordanie et Gaza : la loi israélienne freine, par le biais des permis de séjour, les unions entre Palestiniens de Cisjordanie et Palestiniens d'Israël par exemple.

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