Je vous félicite particulièrement de l'organisation récente d'un « mini-sommet » européen du numérique à Paris. Si, en France, on s'inquiète de Bruxelles, je m'inquiète pour ma part, que je sois à Bruxelles ou à Strasbourg, au sujet de la France.
Permettez-moi de rappeler quelques chiffres qui font mal : la France se situe au huitième rang du G20, après l'Allemagne et la Grande-Bretagne ; en matière de carte d'identité et de signature électroniques, elle est derrière la Belgique et l'Estonie ; en matière d'e-administration, elle est derrière l'Espagne et le Portugal ; son territoire abrite 4 000 ou 5 000 incubateurs contre 50 000 en Grande-Bretagne et 265 000 aux États-Unis ; l'investissement moyen dans une jeune entreprise y est de 100 000 euros contre 300 000 euros en Grande-Bretagne.
Le pays manque de capital-risqueurs mais aussi de subventions publiques et de pilotage de l'État – même si celui-ci commence à se mettre en place. Tous les entrepreneurs que j'ai rencontrés, qu'ils soient « pigeons » ou simples « moineaux », m'ont indiqué qu'ils attendaient encore le « choc de simplification » !
Bref, la France accuse du retard par rapport à la plupart des États membres. Nous avons le moyen de le rattraper en changeant de mentalité, en adoptant un esprit plus entrepreneurial, en simplifiant les procédures, en perfectionnant l'éducation, mais surtout en tirant parti de notre propre potentiel. Il est rageant de penser que 15 % des cadres dirigeants des entreprises de la Silicon Valley sont des Français qui ont dû s'expatrier pour développer toutes leurs possibilités !
Je veux aussi défendre le travail du Parlement européen. Pour ne parler que des sujets que j'ai rapportés, nous travaillons au règlement relatif aux données personnelles, qui sera d'application immédiate dans les vingt-huit États ; nous avons adopté la directive sur la réutilisation des informations du secteur public, les open data ; nous sommes sur le point d'adopter le règlement sur l'identification électronique et les services de confiance pour les transactions électroniques ; nous avons remis un rapport sur le cloud computing, dans lequel j'ai lancé l'idée d'une certification européenne garantissant la sécurité des données stockées ou transférées, à l'instar de ce que l'Union européenne pratique en matière agricole ; en matière de numérisation, nous avons adopté la directive sur les oeuvres orphelines et le texte sur les oeuvres épuisées ; je suis également rapporteure de la proposition de directive relative à la gestion collective, sur lequel nous devrions aboutir avant la fin de l'année. Enfin, l'Europe s'est réveillée en matière de lutte contre la cybercriminalité : un centre est opérationnel depuis cette année pour coordonner tous les services.