Intervention de Jean-Louis Bruguière

Réunion du 19 juin 2013 à 14h00
Commission d'enquête relative aux éventuels dysfonctionnements dans l'action du gouvernement et des services de l'État, entre le 4 décembre 2012 et le 2 avril 2013, dans la gestion d'une affaire qui a conduit à la démission d'un membre du gouvernement

Jean-Louis Bruguière, magistrat honoraire :

Même si cela vous paraît extraordinaire, on est venu me chercher, et j'ai résisté. En 2006, je me trouvais dans l'exercice de mes fonctions ; je ne souhaitais nullement les abandonner. J'ai compris plus tard pourquoi j'ai été sollicité : cette opération politique fut l'oeuvre de M. Jean François-Poncet et qui avait également créé – ou propulsé – Alain Merly. Même s'il ne l'a jamais dit, M. Jean François-Poncet a dû considérer que face à Jérôme Cahuzac, personnage national, il fallait un adversaire lui aussi d'envergure nationale et avec une certaine aura. Mais à la différence de M. Cahuzac, je ne suis pas un homme politique, et mis à part quelques brillantes exceptions, la reconversion des magistrats en politique reste difficile. J'ai compris qu'il s'agissait d'un vrai métier et décidé d'abandonner mes tentatives.

Vous qui êtes un homme politique réputé, ne trouvez-vous pas curieux que M. Alain Merly ne se soit pas représenté aux législatives, alors qu'il est si compliqué d'obtenir une investiture ? Ce n'est pas moi qui l'en ai convaincu ; on lui a demandé de le faire. Au départ, l'opération concernait la mairie de Villeneuve-sur-Lot tenue par M. Cahuzac. M. Gonelle régnait politiquement sur Villeneuve ; même s'il n'était pas directement engagé dans la politique, il y représentait un personnage important, un référentiel. Quand ils ont vu que le mandat municipal ne m'intéressait pas – mon enracinement était d'ordre plus national que local –, ils m'ont proposé de me présenter aux législatives. Quant à M. Merly, il devait ensuite recevoir une compensation aux sénatoriales, mais cela ne lui a pas réussi. Ces équilibres et calculs politiques m'étaient étrangers ; j'ai compris que j'étais perçu comme le candidat « providentiel » capable de remporter les échéances électorales en 2007 et 2008, et utilisé comme tel.

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