Pas de réseaux occultes – le terme est trop fort –, mais de relations, de contacts politiques. À tort ou à raison, on considérait que, sans M. Gonelle, il était impossible de gagner Villeneuve. Il était inscrit au barreau depuis quarante ans, et il connaissait tout le monde. Il était incontournable.
Quant à M. Cahuzac, tout le monde était au courant de l'affrontement politique à l'issue duquel il avait gagné la mairie de Villeneuve. Dans les échanges que j'ai eus avec M. Gonelle, je n'ai pas eu l'impression qu'il éprouvait du ressentiment envers son rival, ni qu'il était animé d'un esprit de vengeance. Rien ne me laissait penser non plus qu'il nourrissait des craintes qui expliqueraient ce qu'il a fait. Incontestablement, le personnage Cahuzac le fascinait. Probablement était-il devenu pour lui une sorte d'obsession, mais sur un plan psychologique, à cause de son brillant qui impressionnait le Villeneuvois, de ses qualités oratoires, de son art de la dialectique et de sa pugnacité.
Je n'ai rien à reprocher à M. Cahuzac. Le combat politique a été courtois mais rude. Le débat de deuxième tour a été très intéressant car nous étions à peu près à armes égales. Pour une fois, la presse était d'accord sur le caractère équilibré du débat.
Le déséquilibre venait du charisme évident de M. Cahuzac. En outre c'était un gros travailleur qui connaissait ses dossiers par coeur, et il avait réussi à mettre les socialistes en ordre de marche, alors que la droite locale ne cessait de se déchirer.