Tout à fait. Toute l'usine, y compris le secteur agricole, toutes les étapes de fabrication devaient être concernées par le 5x8. Mais cette organisation a été refusée par l'ensemble du personnel. Les six syndicats de l'époque ont fait front pour s'opposer au projet de la direction. Nous sommes restés en grève pendant treize jours.
S'agissant de l'évaluation et de la formation des salariés, l'usine dispose d'une commission formation – obligatoire –, mais la direction finance davantage les formations destinées aux plus qualifiés. Ceux qui sont en bas de l'échelle ont donc de fortes chances d'y rester, alors que ceux du milieu peuvent évoluer plus facilement. Quant à l'absence d'évaluation annuelle, elle constitue un manquement à la législation. Nous la demandons régulièrement, même si, pris par d'autres urgences, nous n'avons pas traité ce sujet avec tout le sérieux nécessaire ; mais nous ne l'obtiendrons pas sans l'intervention de l'inspection du travail.
Je n'ai pas l'intention de vous apitoyer, mais les conditions de travail sont très difficiles, pas tant physiquement – aujourd'hui, nous ne sommes pas surchargés de travail à l'usine d'Amiens-Nord – que psychologiquement. En revanche, à Amiens-Sud, même si l'usine tourne en sous-production, ceux qui travaillent sont extrêmement chargés. On souffre donc différemment dans les deux usines, mais nous avons tous beaucoup souffert depuis cinq ans.