La procédure de fermeture totale d'Amiens-Nord est engagée depuis le 31 janvier 2013, et la direction avance méthodiquement, réunion après réunion. J'espère néanmoins qu'il reste encore une solution de sortie de crise par le dialogue. À une certaine époque, la direction avait tout fait pour préserver l'activité agricole ; elle ne peut pas y renoncer par pur désir de revanche. En effet, l'expert note que si Goodyear abandonne aujourd'hui ce marché, il aura du mal à y revenir par la suite ; face à une direction déchaînée, prête à tout perdre, notre contre-projet – qui nous apparaît sérieux et viable – a pour objectif de la ramener à la raison, lui permettant de conserver le marché agricole. Nous consentons beaucoup d'efforts, notamment en acceptant la suppression de 394 postes – principalement des départs seniors, mais ce sont malgré tout des emplois en moins. La direction devrait considérer ce projet – poursuite de l'activité d'Amiens-Nord, concentrée sur le secteur agricole – avant de fermer le site, car elle pourrait y gagner économiquement. L'agricole représente l'une des activités les plus rentables dans le pneumatique, où l'on réalise les marges les plus importantes. La direction aurait pu vendre ce secteur avec profit ; elle ne perd de l'argent que parce qu'elle a elle-même baissé la charge de l'usine : on produit actuellement environ 300 pneus agricoles par jour contre 820 à la belle époque. La direction crée donc véritablement les conditions de son plan social. Or nous avons les capacités et les équipements nécessaires pour poursuivre l'activité ; l'expert évalue à 25 ou 30 millions d'euros la remise à niveau du matériel – chiffre à comparer aux 162 millions que coûte le plan social. Il s'agit donc d'une ineptie ; il est ridicule et dégoûtant de perdre complètement un marché par simple volonté de représailles, car ce sont les salariés qui en subiront les conséquences.
Quant à la SCOP, c'est un projet qui a le mérite d'exister, mais auquel je n'ai jamais cru.